SDF: Des centres d'accueil plus humains
HÉBERGEMENT•es chantiers de rénovation permettent de faire baisser les tensions entre SDF...Vincent Vantighem
La semaine prochaine, Mohktar envisage d'aller se faire masser. En soirée, il pourrait aussi faire une partie de billard avec ses amis avant de regarder un film dans «la salle cinéma». A 59 ans, Mohktar n'est pas adhérent d'un centre de loisirs. Il est sans domicile fixe. Depuis un an, il vit au centre d'hébergement Emmaüs Pereire (Paris, 17e). «Je suis resté deux ans dans la rue, raconte-t-il. Quand on me parlait des centres, j'avais un mauvais pressentiment. Et puis un jour, j'ai atterri ici. Je me suis dit que je m'étais trompé.» Le centre Emmaüs Pereire fait partie des quelques structures à avoir bénéficié d'un plan d'humanisation financé par l'Etat. «Avant c'était immonde, reconnaît Marc Prévot, président d'Emmaus Solidarité. C'était sombre, mal aménagé, sale…»
Plus facile d'attirer des bénévoles
Aujourd'hui, les coulées de rouille sur les murs ont fait place à des peintures jaunes, rouges ou bleues. Des dortoirs de 50 lits à des chambres fonctionnelles simples ou doubles. Les mauvaises odeurs ont disparu. «Depuis les travaux, on s'est rendu compte que les tensions avaient baissé. Il y a moins d'agressions. Même pour les salariés, c'est plus respectueux du public que l'on accueille», lâche Patrick Bertot, un travailleur social qui fréquente les lieux depuis quinze ans. Et c'est aussi plus facile d'attirer des bonnes âmes dans ces conditions. La salle de massage est tenue par un kiné bénévole qui donne de son temps une fois par semaine. A côté, c'est un sophrologue qui vient, de temps en temps, relaxer les sans-abri. «C'est plus facile de se relancer comme ça, avoue Mohktar. Même si c'est toujours galère de trouver du boulot…»