Grands prématurés: «Je me demande souvent si elle aurait survécu... »
SANTE•Les parents de grands prématurés se retrouvent parfois face à des choix difficiles...Vincent Vantighem
«Bientot3Loulous.» Sur les forums Internet consacrés aux femmes enceintes, Anaïs* a conservé le pseudo qu'elle s'était créé en 2008. A l'époque, c'est même à «trois Louloutes» que cette infirmière a donné la vie. Aujourd'hui, il n'en reste que deux. Sandra est morte d'un arrêt de soins six jours après la naissance. «Enceinte de triplées après une insémination, je savais que c'était une grossesse à risque, raconte cette maman. Mais après la naissance, je me suis mise à y croire.»
Pourtant, rien n'était simple. Les trois filles étaient nées à 25 semaines de grossesse. Elles pesaient chacune un peu plus de 800 grammes. Très vite, le pédiatre alerte. «Sandra fait une hémorragie cérébrale. Elle va partir…» Les parents sont consultés, associés. Anaïs fait venir un aumônier en urgence. Affaiblie, elle sort même de l'hôpital pour trouver une tenue pour sa fille. «Ses premiers vêtements étaient des vêtements de mort…»
«Je la vois tous les jours dans les yeux de sa soeur»
Le lendemain, Sandra s'éteint doucement dans ses bras après l'arrêt de tous les traitements. «Le pédiatre avait évoqué le risque de mort et de handicap, mais on a compris bien plus tard qu'on avait eu le choix. Je me demande souvent si elle aurait survécu. Je la vois tous les jours dans les yeux de ses sœurs.»
Car Lucie et Noémie ont aujourd'hui 4 ans. Egalement victime de lésions cérébrales, la seconde est autiste. «Et dire qu'on a arrêté les soins de Sandra parce qu'on ne voulait pas d'enfant handicapé, soupire Anaïs. Parfois, j'ai l'impression de devenir folle. Je me demande ce qu'on a fait.»
* Les prénoms ont été changés