Rentrée compliquée pour Philippe Courroye
JUSTICE•L'ex-procureur de Nanterre a pris ce lundi ses fonctions d'avocat général près la cour d’appel de Paris, une nomination qu’il apparente à une sanction...M.P.
La rentrée, ce n’est pas toujours simple. Mais celle de Philippe Courroye a été particulièrement rude. L’ex-procureur de Nanterre a pris ce lundi ses fonctions d’avocat général près la cour d’appel de Paris, une nomination que le magistrat qui passe pour être un proche de Nicolas Sarkozy assimile à une sanction disciplinaire aux motivations politiques. Il l’a contestée devant le Conseil d’Etat mais, saisie en référé, la haute juridiction administrative a rejeté son recours.
Celui dont la gestion de l’affaire Bettencourt est contestée a de plus été nommé aux «assises extérieures», a révélé Europe 1 ce lundi. C'est-à-dire qu’il exercera aux assises de Bobigny, Créteil, Melun, Evry et Auxerre, considérées généralement comme moins prestigieuses que celles de Paris. Un poste en général réservé à des magistrats moins expérimentés, relève la radio. Mais, a précisé le parquet général de la cour d’appel de Paris, Philippe Courroye pourra «comme les autres avocats généraux du service criminel affectés aux assises extérieures, être amené à contribuer au service des assises de Paris en tant que de besoin».
Entendu dans le cadre de l’affaire Bettencourt
L’ex-juge d’instruction devrait déjà sécher mardi. Car Philippe Courroye, les ennuis n’arrivant jamais seuls, est convoqué dans la matinée à Bordeaux par le juge d’instruction Jean-Michel Gentil, en charge désormais du dossier Bettencourt, révèle Le Parisien. Il avait été convoqué il y a une dizaine de jours mais avait fait savoir qu’il n’était pas disponible. Cette fois, Philippe Courroye est convoqué par citation d’huissier et ne peut se dérober.
Le juge Jean-Michel Gentil s’interroge sur d’éventuelles pressions de Nicolas Sarkozy sur Philippe Courroye lorsqu’il instruisait l’affaire Bettencourt à Nanterre, une affaire potentiellement explosive pour l’ex-président. La gestion de ce dossier par Philippe Courroye avait été décriée à Nanterre. Il avait notamment violé la loi sur le secret des sources pour identifier la personne qui informait Le Monde sur l’affaire. C’est l’une des raisons qui a amené la chancellerie à proposer sa mutation: il s’agissait de ramener «la sérénité» au parquet de Nanterre.