« Vortex », le casse-tête d’un polar qui voyage dans le temps

Pourquoi l'écriture de « Vortex », un polar qui voyage dans le temps, a été un casse-tête

SCIENCE-FICTIONDans la série « Vortex », diffusée dès lundi sur France 2 et déjà disponible sur le site France.tv, Tomer Sisley enquête sur deux meurtres survenus à vingt-sept ans d'écart, en communiquant avec le passé
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • France 2 diffuse ce lundi, à 21h10, les deux premiers épisodes de Vortex, un polar fantastique qui explore la théorie de l’effet papillon. Cette mini-série est déjà disponible sur le site France.tv
  • Tomer Sisley incarne un capitaine de police qui enquête sur un meurtre en 2025.
  • Un outil de réalité virtuelle lui permet de reconstituer la scène du crime et de communiquer avec sa femme, disparue en 1998…

Une théorie prétend que si l’on pouvait retourner dans le passé et changer quelques détails de notre vie, tout ce qui en découle serait modifié. On appelle cela « l’effet papillon ».

Vortex, mini-série franco-belge en six épisodes, diffusée dès ce lundi à 21h10 sur France 2, joue habilement avec cette théorie et les codes des films des voyages dans le temps et de leurs effets voulus ou indésirables. L’ensemble mêle polar, fantastique et romance. Un mélange des genres qui n’a rien d’une recette facile à filmer. Explications.


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Dans Vortex, Tomer Sisley campe Ludovic. Capitaine de police judiciaire à Brest, il enquête, en 2025, sur un meurtre survenu sur une plage. Il partage sa vie avec Parvana (Zineb Triki), leur fils et la fille qu’il a eu avec sa première épouse, Mélanie (Camille Claris), décédée en 1998 dans un accident. Alors qu’il procède à la reconstitution d’une scène de crime grâce à un outil de réalité virtuelle, un bug ouvre soudain une faille temporelle.

Le policier tombe ainsi nez à nez avec Mélanie… une dizaine de jours avant qu’elle ne meure au même endroit. Le couple comprend que les deux affaires, survenues à vingt-sept ans d’écart, sont liées. Leur objectif est alors de tout faire pour empêcher la mort de Mélanie. Mais il faut aussi veiller à ce que les changements dans le passé ne modifient pas trop le présent de Ludovic. Par exemple, il ne faut pas qu'il perde sa seconde épouse et son fils. Le capitaine de police judiciaire, bloqué dans le Vortex, va ainsi être confronté à de nombreux dilemmes.

La série Vortex a été imaginée par l’écrivain Franck Thilliez. Elle a été écrite par Camille Couasse et Sarah Farkas, en collaboration avec Marine Lachenaud, Guillaume Cochard et Louis Aubert. « A l’origine, Franck Thilliez avait développé un concept d’une dizaine de pages pour France Télévisions et Quad Drama », raconte Camille Couasse, que 20 Minutes a rencontré au Festival de la Fiction TV de La Rochelle. Le projet est resté dans les tiroirs quelques années.

« Une histoire d’amour impossible »

« Iris Bucher et Roman Turlure nous ont demandé de reprendre le projet. Franck Thilliez avait écrit l’histoire de deux flics qui ne se connaissaient pas et résolvaient des enquêtes dans deux temporalités différentes à l’aide d’un vieil ordinateur des années 1990. Nous avons ajouté l’histoire d’amour et la réalité virtuelle », poursuit la scénariste.

« On a rencontré des policiers reconstituant une scène de crime dans un Salon du livre. L’un d’eux nous a dit que l’avenir, c’était les drones qui filmaient et pourraient bientôt permettre de se replonger dans une scène de crime en 3D », explique Sarah Farkas. « On voulait aussi raconter un deuil impossible et une histoire d’amour impossible », poursuit Camille Couasse.

Les scénaristes ont fait le choix d’explorer les possibilités offertes par « l’effet papillon » comme l’ont illustrée des films comme Retour vers le futur, L’effet papillon ou encore Minority Report. « Un personnage qui n’arrive pas à se résoudre à la mort d’un personnage qu’il a aimé, même si cela fait vingt-sept ans, c’est une matière première très forte », note Camille Claris, qui incarne Mélanie.

« On a fait une storyline par personnage »

Cet exercice était un casse-tête d’écriture. « On a fait une storyline par personnage. A, B, C selon les différentes temporalités avec des couleurs différentes, on essayait de suivre comme cela », se souvient Sarah Farkas. « C’était un peu flippant. Lorsqu’on changeait une chose, on se demandait : “est-ce qu’on peut le bouger ?” On passait notre temps à essayer, à voir si cela fonctionnait ou pas », se rappelle Camille Couasse. « Il y avait aussi ce dilemme entre le fait de ne pas avoir de paradoxes temporels mais quand même créer de l’émotion », renchérit Sarah Farkas.

Filmer une histoire censée se dérouler sur plusieurs temporalités n’est également pas aisé. « Normalement, sur un scénario, il est noté par exemple “extérieur jour, le numéro de séquence et le décor”, là, on avait pour le décor “maison Ludovic T1, T2 ou T3” pour les différentes temporalités. C’était un vrai casse-tête pour la scripte, la déco et le premier assistant », raconte le réalisateur Slimane-Baptiste Berhoun.

« J’ai joué avec deux Ludovic, un Tomer »

Autre challenge, mettre en scène les séquences où Ludovic est sur une plage en réalité virtuelle au sein du commissariat, tandis que Camille est sur une vraie plage un quart de siècle auparavant. « Lui est en intérieur, elle, sur le sable. Il y a un élément sur lequel on n’a jamais voulu transiger : elle a du vent dans les cheveux, pas lui. Une fois qu’on a posé cela. Comment fait-on cela ? Certaines séquences ont été tournées sur une plage. Dès qu’il y a Tomer, on est forcément en studio. Mais, le point important, ce sont les cheveux de Tomer ! », explique le réalisateur.

« Un tuyau soufflait sur moi le vent en studio. Il est devenu tellement important qu’on l’a personnalisé en lui dessinant des yeux », rit Camille Claris. Et d’ajouter au sujet de Tomer Sisley qui incarne Ludovic à 25 ans d’écart : « J’ai joué avec deux Ludovic, un Tomer, mais j’ai eu réellement l’impression qu’il y avait deux comédiens ! »

Comme pour « The Mandalorian »

Pas de fond vert en studio, la production a misé sur la même technique que pour la série The Mandalorian. Le décor de la plage a été diffusé sur un mur circulaire d’écrans LED, permettant une immersion totale des comédiens et du spectateur dans l’intrigue. Une première en France !

Faire comprendre rapidement au téléspectateur à quelle époque il se trouve n’est pas non plus une mince affaire. « Le truc de la tasse, qu’on voit au début et qui change dans l’épisode 2, pour le faire comprendre, il faut vraiment faire un focus dessus. Cela révèle combien c’est compliqué de faire comprendre les paradoxes temporels. Et là, on parle juste d’une tasse qui révèle que le mec a changé de famille, de vie, etc. Quand, plus tard, il s’agit de choses beaucoup plus énormes qu’une tasse, il faut être un peu didactique », estime Slimane-Baptiste Berhoun. Résultat ? Un drame futuriste qui sort des sentiers battus.