Vos séries préférées seront-elles bientôt entièrement « made in Lille » ?
Lilleflix•Dans l’euphorie du succès grandissant de son festival, Séries Mania vient de lancer, à Lille, le Séries Mania Institute, une école entièrement dédiée aux métiers liés à la production de sériesMikaël Libert
L'essentiel
- Avec le succès de son festival, Séries Mania vient de lancer une école dédiée aux séries audiovisuelles.
- Le Séries Mania Institute proposera différentes formations pour les professionnels du secteur ou les jeunes souhaitant se lancer dans ce domaine.
- L’ambition est de former 500 personnes par an à l’horizon 2026.
S’il est désormais acquis que les Hauts-de-France sont une terre de tournages, et pas uniquement pour ses décors germinalesques. S’il n’est plus à démontrer que Lille est devenue une place forte de la série télévisée avec le succès du festival Séries Mania. Si l’écosystème de production audiovisuel fourmille entre Roubaix et Tourcoing avec le Pôle image et Pictanovo. Il manquait quand même un petit quelque chose : le côté formation autour de ces métiers. Ce n’est plus le cas depuis l’inauguration, mardi, du Séries Mania Institute, « la première école entièrement dédiée aux séries ».
C’est un peu l’occasion qui fait le larron explique Laurence Herszberg, la grande patronne de Séries Mania. « Il y a un important réseau qui s’est créé et un écosystème préexistant dans lequel nous nous sommes installés avec cette école. Une manière de boucler la boucle autour du monde de la série », se félicite-t-elle. Le Séries Mania Institute est installé en plein centre de Lille, à deux pas du Nouveau siècle, lieu emblématique du festival depuis sa création, en 2018. Un bâtiment mis à disposition par la Métropole européenne de Lille (MEL) pour une durée encore indéterminée. « Les locaux risquent de s’avérer rapidement trop petits et nous ne disposons pas ici de lieu pour tourner », poursuit Laurence Herszberg. Une migration vers le Pôle image est ainsi déjà envisagée à moyen terme.
Un « tremplin » pour les jeunes de la région
Concrètement, l’école proposera plusieurs cursus, à commencer par le « tremplin », dont la première promotion a déjà commencé les cours. Il s’agit d’une formation gratuite d’un an, ouverte aux jeunes entre 18 et 25 ans habitant les Hauts-de-France. C’est une initiation approfondie à tous les métiers de la série, de l’écriture à la post-production en passant par la case tournage. La première promo compte 20 jeunes, majoritairement orientés vers l’Institute pas les missions locales, qui bossent sur un projet de série d’horreur dont le pilote sera projeté lors du festival 2023.
Les autres programmes de formation sont plus courts, environ 14 semaines, et payants. L’Eureka séries, une formation à l’écriture de séries pour les scénaristes et producteurs, une formation orientée management du secteur audiovisuel et, à venir, un master de formation initiale à l’écriture de séries en partenariat avec Sciences Po Paris. L’Institute est aussi doté de deux incubateurs, l’un d’eux étant un peu particulier.
Des cinéastes chevronnés sur les bancs de l’école
Il s’adresse en effet aux cinéastes chevronnés attirés par les sirènes de l’audiovisuel sans savoir comment s’y prendre. « Le critère pour y entrer est d’avoir été au moins une fois sélectionné dans l’un des grands festivals internationaux de cinéma. Et malgré cela, nous avons reçu 170 candidatures », assure la patronne de Séries Mania. Dix ont été sélectionnés pour bénéficier de cette passerelle entre le grand et le petit écran mais trois seulement toucheront une bourse de 50.000 euros pour développer leur projet. Si Laurence Herszberg refuse de dévoiler les noms de ces cinéastes, elle confirme néanmoins qu’il y a du lourd, venant de partout sauf des Etats-Unis. « On ne veut pas des Américains, ils nous piquent tous nos talents », plaisante-t-elle.
L’ambition est forte, à tel point que le Séries Mania Institute s’est donné pour objectif de former environ 500 personnes par an à l’horizon 2026. Est-ce démesuré ? Sans doute pas, la demande étant là. « On constate clairement une augmentation des besoins en contenus, notamment de séries, et donc, logiquement, une augmentation des besoins en formation », explique Grégory Tempremant, le président de Pictanovo.