SERIE«The Bold Type» est-elle une série féministe? Un peu, beaucoup, à la folie

«The Bold Type» est-elle une série féministe? Un peu, beaucoup, à la folie...

SERIEEnfin disponible en France, vendredi sur Amazon Prime Video, «The Bold Type» est une de ses nouvelles séries féministes et empowerment, mais jusqu'à quel point...
Le service culture

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L’été dernier, pendant vous binge-watchiez The Handmaid's Tale ou rattrapiez Big Little Lies - et vous aviez raison, les deux ont tout raflé aux Golden Globes -, une autre série de femmes débutait aux Etats-Unis : The Bold Type. Une série plus discrète mais non moins féministe. Enfin, jusqu’à quel point ? A l’occasion de la disponibilité de la première saison sur Amazon Prime Video vendredi, trois journalistes de 20 Minutes reviennent sur les aventures de Jane, Kat et Sutton, trois employées d’un magazine féminin, inspirées de la vie de l’ex rédactrice en chef du Cosmopolitan américain. Alors The Bold Type est féministe un peu, beaucoup ou à la folie ?

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Un peu, par Anne Demoulin

Une série girly, mais pas bitchy, en mode queer friendly. À l’instar de son magazine revampé pour les millenials, le show espère plaire aux jeunes adultes en délivrant des messages d’empowerment hypercontemporains et bien-pensants autour de l’anorgasmie ou des violences faites aux femmes.

Reste qu’à la différence de Girls ou SMILF, la série ne met en scène qu’une brochette de Marie-Sue aux cheveux lissés ou curlés, belles, minces et surlookées, qui passent leur temps à bavasser sur leur lieu de travail au sujet des mecs, du sexe et des shoes, enfermées dans le dressing du magazine, symbole du consumérisme et cœur de l’usine à diktats. Bref, du « pop féminisme », en version light et talons à paillettes.



Beaucoup, par Laure Beaudonnet

Sous ses airs glitter et girly, The Bold Type en a sous le capot. Oui, l’histoire se déroule dans les couloirs d’un magazine de mode américain. Oui, les trois héroïnes parlent mecs, sexe et fringues. Mais derrière des intrigues un peu éculées, la série est à des années-lumière de la vacuité d’un Gossip Girl (qu’on a quand même bien aimé binger) ou d’un Girlboss, elle aurait plutôt de quoi se mesurer à une Girls ou une SMILF (dans une version aseptisée, bien sûr).

The Bold Type s’attaque à la sexualité féminine frontalement - frigidité, sex toys, plan cul, tout y passe - et aborde la bisexualité sans jamais tomber dans le piège de la misogynie. Kat tombe amoureuse d’une artiste lesbienne de confession musulmane qui porte le voile. Si Jane, Kat, et Sutton représentent toutes un archétype féminin un peu grossier -la bosseuse coincée, l’assistante sexy et l’impulsive un peu perdue -, elles ne se résument pas à leurs histoires d’amour, bien au contraire, les mecs sont relégués au dernier plan de l’histoire. On finit même par les oublier. Les femmes sont puissantes - le magazine est tenu par le double angélique d’Anna Wintour - ambitieuses et libres.



A la folie, par Vincent Julé

Dès son titre - littéralement « le fort caractère » ou le « genre audacieux » -, The Bold Type revendique d’être une série féministe, sans renier l’héritage de la précurseuse Sex and the City ou que son diffuseur, Freeform, est le même que celui de Pretty Little Liars. Les intrigues sonnent ainsi comme des statements, parfois maladroits mais toujours bienvenus, surtout dans le paysage télé actuel.



Mais le tour de force de The Bold Type est ailleurs, ou plutôt là, tout le temps, en filigrane. Comme le fait que la big boss des héroïnes ne soit pas Le diable s’habille en Prada, que les histoires de cul, de cœur et surtout de mecs passent au second plan, au point que la majorité des scènes passent le test de Bechdel.


Une scène, une parmi d’autres, une a priori anodine, incarne à merveille ce féminisme et cette bienveillance du quotidien. Sutton et Kat discutent dans le dressing qui leur sert de QG, lorsque Jane les interrompt, elle a une big news. Sutton lui fait remarquer qu’elle vient de lui couper la parole, qu’elle disait quelque chose d’important. Avant de se raviser : « Non, c’est plus important ce que tu as à dire, vas-y. » Pas de conflits inutiles, pas de crêpages de chignons, « juste » des femmes qui parlent d’elles, entre elles.