VIDÉO. Jon Bernthal: «Le Punisher ne peut pas être une machine à tuer pendant 13 épisodes»
RENCONTRE•Premier interprète du Punisher à faire l'unanimité, Jon Bernthal revient sous les traits de Frank Castle dans sa propre série Netflix...Propos recueillis par Vincent Jule
Christopher Reeves et Superman, Robert Downey Jr. et Iron Man, Gal Gadot et Wonder Woman… si un acteur ou actrice fait beaucoup dans la représentation d’un superhéros et sa réception par le public, il en est un où l’interprète fait tout : le Punisher. Uniquement animé par la vengeance et la violence à la suite du meurtre de sa famille, ce justicier et antihéros a déjà connu plusieurs incarnations (Dolph Lundgren, Thomas Jane, Ray Stevenson), sans jamais trouver grâce aux yeux des fans. Jusqu’à Jon Bernthal.
Surtout connu pour son rôle de Shane dans les premières saisons de The Walking Dead, mais également apparu dans les films Le Loup de Wall Street, Sicario et Baby Driver, Jon Bernthal a d’abord enfilé le costume du Punisher dans la saison 2 de Daredevil, avant que Netflix ne lui offre, face aux retours enthousiastes, sa propre série, disponible en intégralité vendredi. L’occasion d’un face-à-face avec 20 Minutes, un face-à-face tout à fait cordial. On l’a échappé bel !
aLorsque vous avez signé avec Netflix et Marvel, était-ce seulement pour Daredevil, ou également pour The Punisher ?
Lorsque tu signes un tel contrat, tu signes pour plein d’options, plein de possibilités de saisons, de suites, de spin-off. Mais ils ne prennent leur décision qu’en cas de succès, qu’avec le retour des fans. J’ai eu de la chance.
Dans Daredevil, vous n’êtes pas une simple guest, vous avec un rôle important, votre propre histoire, qui est l'« origin story » de Punisher des comics. Mais après ?
Pour moi, Daredevil racontait moins l’histoire du Punisher que de Frank Castle. Tu le vois réagir à ce qui est arrivé à sa famille, il part en mission pour retrouver les coupables et les faire payer. Tous les tuer. C’est simple, limpide. Il avait un objectif dans la vie, et il s’en accommodait très bien, il trouvait même une étrange paix intérieure dans cette folie meurtrière. Mais une fois sa mission terminée, il se retrouve face à lui-même et ses démons. C’est le genre de choses que l’on retrouve chez beaucoup d’anciens soldats. Ils vivent des expériences traumatisantes sur le terrain, mais sur le moment, ils continuent, ils sont entraînés pour. Ce n’est qu’une fois la nuit tombée, le calme revenu, que tout revient les hanter. C’est le sujet de cette première saison de The Punisher.
De fait, avez-vous changé votre manière d’aborder le personnage ?
Frank était plus mystérieux dans Daredevil, toujours caché dans l’obscurité. Là, il est montré en plein jour, en interaction avec d’autres personnages. Il est mis dans une position plus difficile, qui révèle plusieurs facettes de lui. Et il ne faut pas oublier que Daredevil reste l’histoire de Matt Murdoch, alors qu’avec The Punisher, le showrunner Steve Lightfoot a voulu raconter l’histoire de Frank, son humanisation, la lumière au bout du tunnel. Il est toujours autant en colère, mais il prend du recul… pour mieux aller de l’avant ?
aEst-ce vrai que vous avez lu tous les comics, vu tous les films sur Punisher ?
Oui, et j’ai pris un peu de chaque version, de chaque incarnation. Je ne voulais pas non plus arrêter mon choix sur une seule vision du personnage, il fallait que je me le réapproprie, il fallait que ce soit moi. Mais certaines oeuvres ont raisonné plus que d’autres, à l’instar du court-métrage non-officiel Dirty Laundry, dans lequel Thomas Jane reprend le rôle qu’il avait tenu au cinéma, ou encore les comics Punisher MAX et Welcome Back, Frank.
Vous êtes le premier acteur à interpréter le Punisher et… à avoir la faveur des fans.
Je l’ai vraiment ressenti après Daredevil. C’était à la fois excitant et flippant, car je ne voulais surtout par perdre cet état de grâce avec The Punisher. Or, nous prenons un vrai risque. Frank ne pouvait plus être une machine à tuer comme dans Daredevil, pas pendant 13 épisodes. La série offre un regard sur lui moins unilatéral, plus profond, moins sombre, plus humain. J’espère que les fans seront encore satisfaits par ce portrait, j’ai tout donné. (rires)
Comment crée-t-on de l’empathie pour un tel antihéros ?
Dans le comics, Frank est constamment en train de se rabaisser, de se culpabiliser. Il hait le monde entier, mais il se hait encore plus. Qui est le vrai Frank, le bon père de famille ou le justicier recouvert de sang ? Il tue, parce qu’il est devenu accro à tuer. Lorsqu’il voit des malfrats prêts à tuer son collègue ouvrier, il vrille et c’est un bain de sang. Mais aussi une libération, et il le sait. Il aurait pu les arrêter, mais non, il a dû les tuer, il en avait besoin. Et après, il se hait de l’avoir fait. C’est passionnant.
Frank n’est plus seul contre tous, et forme même un duo intéressant avec Micro. Comme les deux faces d’une même pièce.
Malgré tous ses efforts pour ne pas l’être, Frank reste humain. Au début de la saison, il casse des murs, à la fois de manière littérale et métaphorique. Il s’ouvre, se prend d’affection pour Micro et sa famille. C’est étrange et inconfortable pour lui, et le sera sans doute aussi pour certains spectateurs. Mais c’est une bonne chose je crois.