polar«Engrenages» fait son grand retour dans le 93

«Engrenages» fait son grand retour sur Canal+... et en Seine-Saint Denis

polarL’enquête autour de la découverte d’un tronc humain va emmener Laure Berthaud, Tintin et Gilou pour la première fois au-delà du périphérique…
Caroline Proust (Laure Berthaud) dans la saison 6 d'« Engrenages ».
Caroline Proust (Laure Berthaud) dans la saison 6 d'« Engrenages ». - aroline Dubois/Son et Lumière/Canal+
Anne Demoulin

Anne Demoulin

Trois ans après la fin de la saison 5, Laure Berthaud, Fromentin dit Tintin et Gilles Escoffier alias Gilou vont reprendre du service. Pour cette sixième saison de la série policière Engrenages, diffusée à partir de lundi sur Canal + et présentée hors compétition au Festival de la fiction TV de La Rochelle, les célèbres inspecteurs du 2e DPJ (district de police judiciaire) enquêtent pour la première fois au-delà du périphérique, à Cléry-sous-Bois, ville imaginaire du 93. Les créateurs du show ont expliqué dans un point presse pourquoi et comment cette nouvelle saison se déroulait à Seine-Saint-Denis.

Le 2e DPJ retrouve le commissaire Herville

Souvenez-vous, à la fin de la saison 5, le commissaire Herville (Nicolas Briançon), après quelques déboires avec sa hiérarchie, acceptait un poste enSeine-Saint-Denis. « Le fait qu’Herville quitte le groupe et s’en aille dans le 93 constituait une vraie fin de saison, parce qu’on a l’impression qu’il quitte le groupe, mais cela fait aussi un appel d’air pour la saison suivante, parce que cela entraîne un de nos personnages de l’autre côté du périphérique », explique Anne Landois scénariste en chef de la série. Le point de départ de ces 12 nouveaux épisodes est la découverte d’un tronc humain dans le 20e arrondissement de Paris. Une enquête qui va mener le groupe à se diriger vers le commissariat dirigé par Herville en banlieue nord. « On avait envie de continuer à tirer le fil de cette amitié professionnelle particulière qui peut exister au sein d’un groupe entre un commissaire et son équipe », poursuit la showrunneuse.

Cléry-sous-Bois, une ville fictive mosaïque

Si cette 6e saison va s’intéresser au 93, c’est aussi parce qu’un des nombreux consultants de la série a suivi la même trajectoire que le personnage de fiction. « Le parcours d’Herville correspond à celui d’un des consultants d’Engrenages, passé d’un commissariat dans le 18e arrondissement de Paris à un poste assez important dans le 93 », détaille la scénariste. Cette saison s’intéresse à la ville de banlieue fictive, Cléry-sous-Bois, « un kaléidoscope des banlieues parisiennes » puisque Bobigny, Aubervilliers, Villejuif, Bagnolet, Gennevilliers, Saint-Ouen ont servi de décors.

Une enquête sur fond de corruption et de trafics

« Ça m’intéressait de savoir ce qui se passait dans le département 93, de décrire les relations un peu troubles entre les voyous, les mairies et la police », raconte Anne Landois. La saison a été écrite entre les jours qui ont suivi l’attaque terroriste survenue dans les locaux de Charlie Hebdo et la tuerie de Nice. « On ne cherche pas à coller aux événements, mais on s’en imprègne, Engrenages prend tout le temps le pouls de la société et sans faire une saison sur le terrorisme, je trouvais intéressant de parler d’une des raisons qui en fait le lit », souligne la scénariste.

Rien de religieux : « Je ne voulais absolument pas le faire », explique Anne Landois, qui voulait aborder ce qu’il y a « en dessous ». « Les flics travaillent là où la société se fracture et s’il y a bien un lieu où la société se fracture, c’est quand même le 93. La réalité a rejoint et a amplifié cette fracture », commente-t-elle, rappelant les liens tissés entre la petite délinquance, le grand banditisme, la corruption, les trafics et le terrorisme. « Il fallait trouver un moyen de rendre présent cette réalité quotidienne du terrorisme sans pour autant en faire le sujet de la saison », résume le producteur de la série, Vassili Clert.

Un tournage sous haute tension

« J’espère que l’on n’a pas fait de gros raccourcis. On s’est efforcé de ne pas être caricaturaux. La Seine-Saint-Denis, c’est une réalité complexe. Dans Engrenages, on prend le temps de comprendre comment les liens parfois incestueux ou de marchandage avec le diable peuvent se faire, et c’est ce qui rend toute la complexité du polar intéressante », prévient-elle.

Une réalité complexe à laquelle les deux réalisateurs de la série se sont frottés. « On a été menacé à de nombreux moments pendant le tournage. On a mis le feu à nos camions loges à Bagnolet le soir du 13 juillet, c’était très chaud. On a du brusquer la fin du tournage ce jour-là. Par souci de réalisme, on va dans des quartiers, et c’est souvent très compliqué », confie Frédéric Jardin, qui a réalisé les 6 premiers épisodes de la saison.

« Dans une commune du 93, alors qu’on avait l’accord de la mairie, on a du quitter les lieux parce qu’on n’a pas eu "l’autorisation informelle" des bandes. Le plan de travail a été modifié parce qu’à un moment donné quelqu’un d’une bande nous a dit "si vous restez, ça va très mal se passer" », se souvient Frédéric Mermoud, qui a réalisé les 6 derniers épisodes de la saison. « Il faut payer un peu pour avoir la paix à un moment précis. Très rapidement, les horaires ne sont pas respectés et si on deale un calme jusqu’à 18h, c’est chaud, à partir de 16h. C’était un tournage très compliqué et parfois dangereux », renchérit Frédéric Jardin. La saison 6 s’ancre dans une réalité sociale, et la réalité du tournage n’a jamais été aussi proche que celle décrite dans Engrenages.