VIDEO. «Game of Thrones» saison 7: «Plus de morts, de batailles et de glace», promet le storyboarder
INTERVIEW•On lui doit les armes, les dragons et les Marcheurs blancs, William Simpson, storyboarder de « Game of Thrones », a expliqué à « 20 Minutes » son rôle dans la série…Propos recueillis par Anne Demoulin
Les dragons, la corneille à trois yeux ou encore les fameux Marcheurs blancs… Tous ces éléments ont été conçus par William Simpson, le storyboarder de Game of Thrones. Depuis le début de la série, cet artiste originaire d’Irlande du Nord est chargé du storyboard, une sorte de bande dessinée, l’étape intermédiaire entre le scénario et l’adaptation de la saga de George R.R. Martin à l’écran. Un outil qui permet de mieux conceptualiser certaines scènes, notamment le point de vue de la caméra. William Simpson a livré les secrets de son métier à 20 Minutes lors du Comic Con de Paris en octobre dernier.
Comment êtes-vous arrivé dans l’équipe de « Game of Thrones » ?
A l’époque, je bossais sur le film Votre Majesté de David Gordon Green. Un ami producteur m’a appelé pour me demander : « Tu veux faire des dessins pour une série télévisée ? » J’ai répondu : « Oui, pourquoi pas. Ça parle de quoi ? » « C’est une série d’heroic fantasy médiévale », m’a-t-il répondu. Je n’en ai pas su davantage, mais j’ai accepté. Je me disais que cela allait être comme pour Votre Majesté. J’ai fait quelques dessins et on m’a rappelé pour me dire que j’avais le job, je ne connaissais même pas le nom du projet !
Etiez-vous un fan de la saga de George R.R. Martin ?
Je dois avouer que je ne connaissais pas du tout la saga de George R.R. Martin quand j’ai commencé. Je suis passé complètement à côté du phénomène. J’ai commencé à travailler sur ce qui allait être la série sans savoir sur quoi je travaillais exactement. Les titres sur les scripts avaient été effacés. J’ai ensuite lu les livres, évidemment !
Quelle a été votre mission sur « Game of Thrones » ?
Mon premier travail a été de dessiner tous les détails pour le pilote. Par exemple, j’ai imaginé toutes les armes qu’on voit dans le show, Ice, l’épée de Ned Stark, Longclaw, celle de Jon Snow, les armes des Dothraki, etc. Créer cet univers visuel s’appelle du concept art et j’adore faire ça. Mon travail sur Votre Majesté m’a beaucoup aidé pour Game of Thrones. Bien sûr, plus on avance dans la série, moins j’ai d’éléments à imaginer. Je suis donc ensuite passé au story-board, et sept saisons plus tard, je suis toujours là !
En quoi consiste le rôle d’un « story-boarder » ?
Je suis une sorte de psy pour les réalisateurs (rires) Mon rôle consiste à analyser ce que les réalisateurs ont envie de faire, puis je décompose les scènes en une sorte de bande dessinée qui montre comment l’histoire va se dérouler à l’écran. Cela permet au réalisateur d’anticiper les problèmes qu’il va rencontrer, de savoir où poser sa caméra, quel angle choisir pendant le tournage, combien la scène va coûter. L’objectif, c’est de l’aider à avoir une vision de l’épisode qu’il va réaliser, donc de gagner du temps et de l’argent.
aPouvez-vous décrire votre processus de travail ?
Je lis le script. Je discute avec le réalisateur. Je dessine. Il y a ensuite beaucoup d’allers-retours avec la production, le réalisateur. C’est un processus collaboratif. Ils peuvent me dire par exemple : « Ce que vous avez dessiné coûte trop cher », ou « Ça ne colle pas ». Je ne dessine pas toutes les scènes, mais juste celles qui sont considérées comme compliquées ou qui vont nécessiter des effets spéciaux.
Quelle est la séquence que vous avez trouvé la plus difficile à transcrire sur le papier ?
La bataille de Blackwater dans la saison 2 ! J’ai dessiné je ne sais pas combien de versions, ça m’a pris un mois entier sans week-end ! On n’avait jamais fait ça avant, les batailles dans la série sont de plus en plus impressionnantes. Je n’ai pas dessiné seul l’épisode « La Bataille des Bâtards » dans la dernière saison, je me suis arrêté au moment où Rickon Stark se fait transpercer par une flèche de Lord Bolton. J’ai fait quasiment seul les cinq premières saisons. Avec l’explosion du nombre d’effets spéciaux depuis deux ans, j’ai reçu l’aide de deux ou trois dessinateurs américains.
Quelle est la ou les séquences dont vous êtes le plus fier ?
Le retour à Winterfell, lorsque Ramsay Bolton se fait dévorer par les chiens, un épisode récompensé par un Emmy Award, mais aussi la bataille de Hardhome, entre la Garde de Nuit et les Sauvageons contre les Marcheurs blanc, s dans la saison 5.
Pouvez-vous nous raconter comment vous avez créé les Marcheurs blancs ?
Je me suis basé sur la description de George R. R. Martin. Il ne les brosse qu’au cours d’un paragraphe dans le premier tome où il parle d’armure de glace, d’une force primitive, malicieuse, dans le sens qui veut faire du mal. Il a fallu retranscrire ça et surtout réfléchir à comment l’incarner à l’écran : un acteur dans un costume ? des effets spéciaux ? Avec les créateurs de la série, Daniel B. Weiss et David Benioff, l’idée était de les montrer de façon fugitive, parce que les monstres, plus vous les voyez, moins vous y croyez. J’ai fait quelques peintures à l’acrylique, et puis Dan et David ont fait des propositions de modifications. Je n’ai été que le point de départ, les Marcheurs blancs sont le fruit de plusieurs cerveaux !
Vous travaillez sur de nombreux projets, qu’est-ce qui vous plaît avec « Game of Thrones » ?
Ce qui est intéressant avec « Game of Thrones », c’est qu’à chaque épisode, on travaille avec un réalisateur différent, et qu’il faut s’adapter à ce dernier. Certains ont des intentions très précises, d’autres me laissent imaginer les plans et choisissent ce qui leur plaît.
A quoi peut-on s’attendre pour la saison 7* ?
Plus de morts, de batailles, et encore plus de glace ! (rires)
* Diffusée ce dimanche sur HBO et dans la nuit de dimanche à lundi à 3h sur OCS.