Premières naissances en France après congélation ultrarapide d'embryons, un nouvel espoir
•La technique de congélation ultrarapide des embryons, déjà utilisée ailleurs dans le monde, offre désormais aux couples infertiles de France un espoir d'augmenter leurs chances d'avoir un enfant, soulignent des spécialistes.© 2011 AFP
La technique de congélation ultrarapide des embryons, déjà utilisée ailleurs dans le monde, offre désormais aux couples infertiles de France un espoir d'augmenter leurs chances d'avoir un enfant, soulignent des spécialistes.
Pour la première fois en France, une naissance, celle de deux jumelles a été obtenue grâce à cette technique appelée "vitrification embryonnaire", réalisée à l'hôpital Jean Verdier (AP-HP, Seine-Saint-Denis).
La congélation ultra-rapide des embryons obtenus après fécondation in vitro (FIV) permet d'améliorer les résultats par rapport à la congélation classique "lente", seule disponible en France jusqu'alors.
Les petites filles, qui ont vu le jour à la maternité de l'hôpital Le Raincy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis) le 8 août, se portent bien et sont rentrées avec leur mère à la maison, a indiqué à l'AFP le Dr Christophe Sifer, responsable de l'Unité de biologie de la reproduction de cet établissement qui fait état de "28 grossesses en cours, dans son service, grâce à cette méthode".
"C'est un vrai progrès pour la prise en charge des couples infertiles", dit-il.
"La vitrification permet une augmentation considérable de la survie des embryons congelés avec quasiment 100% des embryons qui résistent au procédé et sont intacts, et donc utilisables, une fois décongelés", assure ce spécialiste en se basant sur sa "propre expérience".
Après la congélation lente, technique classique aujourd'hui en France, un embryon sur deux est intact en moyenne après décongélation, mais il arrive qu'aucun ne le soit, compare le Dr Sifer.
En novembre 2010, l'Agence de la Biomédecine a autorisé la vitrification des embryons dans le cadre de l'assistance médicale à la procréation (AMP/PMA), en considérant qu'il s'agissait d'une "simple amélioration technique", relève le praticien.
Le professeur François Olivennes, gynécologue-obstétricien, estime a "plusieurs milliers" les naissances survenues dans le monde avec des embryons vitrifiés, citant notamment "le Japon en pointe, l'Espagne, la Belgique..."
Problèmes pratiques
"La vitrification des ovocytes est un avantage indéniable" et "celle des l'embryon au stade blastocyste, c'est-à-dire à 5 jours, semble présenter là aussi un avantage", poursuit le Pr Olivennes. Alors que, selon lui, "pour les embryons de 2 à 3 jours, c'est controversé".
En mai dernier, le Centre d'AMP d'Eylau-Muette, à Paris, avait annoncé les deux premières grossesses en France à partir d'embryons vitrifiés, respectivement de 3 et 5 mois.
Jointe par l'AFP, le Dr Silvia Alvarez, gynécologue de ce centre, précise que la femme dont la grossesse était la plus avancée "n'a pas encore accouché".
Cette technique représente une "évolution importante", juge-t-elle. Son équipe a des "taux de survie des embryons de 84% après vitrification, contre 71% avec la congélation classique".
Si les résultats dépassant 90% de survie des embryons se confirment, cela devient très intéressant, note le Pr Olivennes.
Il pointe toutefois "des problèmes pratiques non négligeables" en évoquant la "charge de travail très importante pour un grand centre comme le Centre d'Eylau". "Cette méthode prend du temps : elle est réalisée de façon individuelle, manuelle par une technicienne, alors que la congélation classique est faite par des automates", explique-t-il.
Mais d'un autre côté, "la vitrification donne des embryons d'excellente qualité ce qui permet de rassurer le couple" pour ses chances à venir et il est ainsi plus aisé de ne transférer qu'un seul embryon frais, pour éviter des grossesses multiples, tout en conservant les autres, remarque le Dr Sifer.