Bienvenue à bord du vol "Zéro-G", détachez vos ceintures !

Bienvenue à bord du vol "Zéro-G", détachez vos ceintures !

Flotter librement dans les airs et s'affranchir des effets de la gravité comme les astronautes dans l'espace ? Un rêve pour de nombreux enfants... qui sera prochainement accessible en France grâce à des vols en apesanteur ouverts au grand public.
© 2011 AFP

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Flotter librement dans les airs et s'affranchir des effets de la gravité comme les astronautes dans l'espace ? Un rêve pour de nombreux enfants... qui sera prochainement accessible en France grâce à des vols en apesanteur ouverts au grand public.

Les enfants rêveurs devront toutefois attendre un peu et bien manger leur soupe car ces vols paraboliques sont réservés aux majeurs en bonne santé et qui ont le coeur bien accroché... Comme les scientifiques, députés et journalistes qui ont vécu quelques minutes sans attraction terrestre lors d'un "vol parabolique" organisé à l'occasion du 49e Salon international de l'aéronautique et de l'espace, à l'aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis).

Ces chanceux, dont un journaliste de l'AFP, avaient pris place à bord du "Zéro-G" (pour "zéro gravité"), un Airbus A300 spécial appartenant à la société aéronautique Novespace et opéré par le Centre national d'études spatiales (CNES).

Le directeur général de Novespace, l'ancien spationaute français Jean-François Clervoy, a annoncé mardi que de tels vols commerciaux pourraient être ouverts au public européen d'ici la fin de l'année, sous réserve d'autorisation de la Direction générale de l'aviation civile.

Ce baptême en apesanteur - déjà proposé par des sociétés privées mais uniquement aux Etats-Unis et en Russie - coûterait de l'ordre de 4.000 euros, selon M. Clervoy, qui table sur une demi-douzaine de vols par an à raison de 40 passagers par vol.

Parés au décollage? Alors, détachez vos ceintures!

Mais auparavant, mieux vaudrait une injection dans le bras destinée à éviter les nausées et le mal de l'air, que les novices de l'apesanteur qui ont embarqué mardi dans le vol "Zéro-G" ont pour la plupart accepté sans broncher.

Une bonne idée car un vol parabolique ressemble à s'y méprendre à un "grand huit". En pire.

L'avion commence par pointer le nez en l'air à un angle de 47 degrés et monte, monte, monte. C'est le moment où les passagers, collés contre le sol matelassé ou les parois du fuselage, expérimentent les joies de l'hyper-pesanteur. Au plus fort de la montée, cette gravité atteint 1,8 G, c'est-à-dire 1,8 fois la gravité terrestre au niveau du sol: suffisamment pour donner l'impression d'avoir des membres de plomb...

A titre de comparaison, les pilotes de chasse peuvent encaisser jusqu'à 10 G au cours de leurs acrobaties à réaction.

"Injection!", prévient une voix dans le haut-parleur, peu avant que l'avion entre en phase de chute libre à 8.000 mètres d'altitude environ. Le pilote a diminué la poussée des réacteurs de manière à tout juste compenser le frottement de l'air... et les passages se sentent tout légers.

Une simple chiquenaude suffit à propulser son voisin, jambes par dessus tête. Etrangement, les novices de l'apesanteur cherchent instinctivement à nager et un député se retrouve ainsi à brasser de l'air sans s'en apercevoir.

Tous les repères sont bouleversés et si l'on ferme les yeux, il est totalement impossible de distinguer le haut du bas.

La gravité reprend ses droits une trentaine de secondes plus tard, lorsque l'avion retombe et que le pilote remet les gaz.

Un passager malheureux qui se trouvait collé au plafond quelques instants plus tôt n'a pas eu le temps de s'accrocher et s'écrase au sol avec un bruit inquiétant tandis que l'Airbus se prépare à une nouvelle montée.

Le CNES a débuté en 1997 ces vols paraboliques, quasi exclusivement réservés aux expériences scientifiques et à l'entraînement des spationautes.

Les chercheurs internationaux continueront à avoir la priorité sur les vols de "Zéro-G", explique Jean-François Clervoy.

Outre les journalistes et députés se trouvaient à bord trois équipes de chercheurs. Le Dr Paula Beck, des experts de l'Université de Witten-Herdecke et du Centre aérospatial allemand tentaient ainsi de comprendre comment la circulation sanguine réagit en état d'apesanteur.

Des données qui seront cruciales le jour où l'on décidera d'envoyer des hommes sur Mars, où ils pèseront 40% de moins que sur Terre, explique Mme Beck.

"Imaginez qu'après une année passée dans l'espace en apesanteur, vous arrivez sur Mars. Vous commencez à travailler mais peut-être que votre corps ne peut même pas supporter une gravité réduite. On n'en sait rien", dit-elle.

Un vol parabolique constitue le meilleur entraînement pour préparer les spationautes, assure Sébastien Rouquette, chef de projet au CNES.

"Rien d'autre n'atteint un tel degré de réalisme. Les sensations sont authentiques, c'est comme être dans l'espace".

Cet article est réalisé par Journal du Net et hébergé par 20 Minutes.