De l’ARN du tigre de Tasmanie identifié par les chercheurs, une première pour une espèce disparue
animaux•De nombreux autres échantillons dans les musées pourraient ainsi permettre de reconstituer d’autres séquences d’ARN20 Minutes avec agence
Le Musée national d’histoire naturelle de Stockholm dispose d’un spécimen décédé il y a 130 ans, mais particulièrement bien conservé. C’est à partir de lui que l’équipe de chercheurs suédoise a réussi à séquencer et isoler des molécules d’ARN. Comme l’explique à franceinfo Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon, l’ARN joue un rôle crucial dans la traduction de l’information génétique et la régulation de l’expression des gènes au sein de chaque cellule du corps. Beaucoup plus instable que l’ADN, la séquence d’ARN est donc beaucoup plus difficile à reconstituer.
Comme l’explique Geo, le tigre de Tasmanie n’était pas un tigre. C’était un petit marsupial carnivore qui faisait la taille d’un loup et qui pesait généralement une trentaine de kilos. Chassée en masse par les colons européens installés depuis le XIXe siècle sur l’île de Tasmanie (Australie) car accusée de tuer les moutons, cette espèce a été rapidement décimée. Ainsi, on n’a plus vu de thylacine depuis la mort en captivité du dernier membre de l’espèce connu au zoo australien de Hobart en 1936. Elle est considérée comme officiellement disparue depuis 1982.
Apparu pour la dernière fois en 1936, le thylacine, ou tigre de Tasmanie (Thylacinus cynocephalus), fait l’objet de plusieurs projets de résurrection. En marge de ces initiatives, une équipe suédoise de biologistes a réussi, pour la première fois, à extraire l’ARN (acide ribonucléique) de cette espèce à partir d’échantillons de peau et de muscle. Cette contribution, qui permet d’en apprendre plus sur cet animal, a fait l’objet d’une étude publiée en juillet dernier dans la revue Genome Research.
Une avancée importante
« C’est la première fois que nous avons un aperçu de l’existence de gènes régulateurs spécifiques du thylacine, tels que les microARN, qui ont disparu il y a plus d’un siècle », a ainsi exprimé dans un communiqué Marc R. Friedländer, professeur à l’université de Stockholm et co-auteur de l’étude, selon Geo. Dans le détail, les biologistes ont pu extraire plusieurs millions de séquences, ce qui leur a permis d’en apprendre plus sur les variations de la peau, des muscles, ou encore du squelette de l’animal au cours de son évolution génétique.
Pour franceinfo, cette réussite constitue par conséquent une importante avancée, car de nombreux échantillons conservés dans les musées pourraient donner lieu à une reconstitution d’ARN. Geo a par ailleurs rappelé l’existence de plusieurs projets visant à ressusciter le tigre de Tasmanie, comme celui du laboratoire TIGRR (Thylacine Integrated Genomic Restoration Research) en Australie.