Tchernobyl : Les chiens errants ont muté génétiquement après la catastrophe nucléaire
animaux•Les variations génétiques sont plus nombreuses chez les chiens vivant à proximité de la centrale nucléaire, selon une nouvelle étude20 Minutes avec agences
Les chiens errants ne sont plus les mêmes à Tchernobyl depuis l’accident nucléaire. C’est la conclusion d’une étude menée par des équipes de deux universités américaines, relaie Sciences et Avenir. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Science Advances du 3 mars dernier.
Quand le réacteur numéro 4 de Tchernobyl explose en avril 1986, des substances radioactives s’échappent, forçant les autorités à boucler la zone et à demander aux habitants de partir. Vidée de ses riverains, la zone d’exclusion de Tchernobyl (CEZ) reste cependant occupée par la flore et la faune. On y trouve notamment des chiens errants et c’est cette population que les chercheurs ont choisi d’étudier depuis 2017, en prélevant des échantillons sanguins.
Un taux 200 fois plus élevé de césium-137
L’étude génétique porte sur quelque 300 chiens répartis en trois groupes : proches de la centrale, à Tchernobyl (15 km), et à 45 km du foyer de contamination. Premier enseignement émergent: les variations génétiques sont plus nombreuses chez les chiens vivant à proximité de la centrale avec des dépôts de césium-137 dans leur organisme, précise Sciences et Avenir. Le taux est 200 fois plus élevé que celui des chiens vivant dans la ville de Tchernobyl.
Autre conclusion de cette étude, les trois populations de canidés sont génétiquement différentes. Elles se distinguent non seulement entre elles, mais sont aussi différentes des chiens errants communs que l’on retrouve en dehors de la CEZ. Ce qui montre que ces chiens ne sont pas dispersés comme le craignaient les autorités soviétiques, précise Le Parisien. Toutefois, les individus vivant dans cette zone se reproduisent entre eux. Les scientifiques ont ainsi constaté des mélanges.
Pas de difformité observée
A première vue, les chercheurs n’ont relevé aucune difformité chez les chiens vivant dans la zone d’exclusion (ville et centrale). « Notre prochaine étape consiste à étudier les effets génétiques de l’exposition aux rayonnements ionisants de Tchernobyl sur ces animaux. Nous prévoyons d’examiner les génomes des chiens à Tchernobyl pour explorer ce qui leur a permis de survivre dans cet environnement hostile, que ce soit directement lié aux radiations ou lié à des choses comme la fertilité, la longueur du pelage, l’alimentation », explique Gabriella Spatola, des Instituts américains de la santé (National Institutes of Health, NIH).