Agence spatiale européenne : La Française Sophie Adenot dans le « pool » des nouveaux astronautes
espace•A Paris, ce mercredi, l’Agence spatiale européenne (ESA) vient de dévoiler sa nouvelle promotion d’astronautes. Cinq astronautes de carrière ont été retenus parmi lesquels la Française Sophie AdenotFabrice Pouliquen
L'essentiel
- Profitant de sa conférence ministérielle au Grand Palais Ephémère à Paris, l’Agence spatiale européenne (ESA) a dévoilé ce mercredi sa nouvelle promotion d’astronautes qui rejoint le pool des sept déjà actuels, dont Thomas Pesquet.
- Preuve que le métier fait rêver plus d’un, 22.589 Européens avaient envoyé leur CV à l’ESA, au printemps 2021, dont 7.137 Français, qui formaient de loin le plus gros contingent de candidats.
- Plus d’un an et demi plus tard et un parcours de combattant en six étapes, on connaît donc les heureux élus. Côté français, Sophie Adenot, 40 ans, figure parmi les cinq astronautes de carrière et Arnaud Prost, 30 ans, est dans les réservistes.
Combien sont-ils ? Quatre, cinq ou six ? Combien d’hommes, combien de femmes ? Et puis surtout, y aura-t-il un voire plusieurs Français ? Autant de questions qui agitaient le Grand Palais Ephémère, à Paris, ce mercredi.
L’agence spatiale européenne (ESA) avait investi les lieux la veille déjà, pour y tenir sa conférence ministérielle. Principal enjeu : mettre d’accord les 22 Etats membres de l’ESA sur le budget des trois années à venir et des programmes spatiaux à financer sur cette même période. Mais le climax tant attendu de la conférence de ce mercredi après-midi était bien plus l’annonce de la nouvelle promotion d’astronautes de l’Agence spatiale européenne.
Une Française dans les cinq retenus
Avec du retard sur l’heure prévue, le rideau sur cette nouvelle promotion s’est levé à 15h40 précise. Surprise, ils sont dix-sept à apparaître sur scène. Cinq sont retenus comme astronautes de carrière. Ils rejoignent d’emblée le pool des sept astronautes européens actifs, parmi lesquels donc le Français Thomas Pesquet.
Parmi les 17, figure également un parastroanaute, le Britannique John Mc Fall. Les onze autres profils retenus constitueront le pool des « réservistes » : ils resteront dans leurs emplois respectifs mais pourront être mobilisés rapidement par l’agence spatiale européenne en cas de besoin.
Dans le corps des cinq astronautes de carrière, on trouve trois hommes et deux femmes, dont une Française : Sophie Adenot, 40 ans, originaire de Bourgogne. Cette maman d’un petit garçon est ingénieure diplomé de l’Ecole nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace (ISAE SUPAERO). Comme Thomas Pesquet au passage. Sophie Adenot est ensuite recrutée par Airbus Helicopters. Elle y intègre un bureau d’études sur la conception des cockpits d’hélicoptères. Elle postule ensuite pour être pilote d’essai, fait sa formation au Royaume-Uni et finit par intégrer le centre d’essais en vol de Cazaux (Girond), rattaché à la direction générale de l’Armement, où elle devient pilote d’essai d’hélicoptère. Elle compte quelque 3.000 heures de vol et a le grade de lieutenant-colonel de l’armée de l’Air et de l’Espace. Et quand elle ne travaille pas, Sophie Adenot raconte être fondue de sport, sports de montagne en particulier mais aussi de yoga.
Plus de vingt ans après Claudie Haigneré
« Depuis que je suis petite fille, j’ai toujours eu la curiosité d’un explorateur », confiait-elle dans une vidéo de présentation de l’ESA. « J’ai beaucoup travaillé, j’ai beaucoup de personnes qui m’ont soutenu, ma famille en particulier », ajoutait Sophie Adenot, ce mercredi, à la nuée de micros qui l’attendaient pour sa première interview dans la peau d’une astronaute. La deuxième française de l'histoire, plus de vingt ans après Claudie Haigneré. Sophie Adenot la cite d’ailleurs parmi les modèles qui l’ont insipiré. Jusqu’à essayer, plus jeune, de « faire tous les salons du Bourget pour essayer de la voir ». Parmi les personnes qui l’ont influencée, Sophie Adenot cite aussi Marie Curie ou encore son grand-père, mécano dans l’armée de Terre.
Un Français aussi dans les réservistes
« Pour moi, c’est un grand saut dans l’inconnu », poursuit Sophie Adenot, qui confiait ce mercredi avoir encore du mal à réaliser la nouvelle vie qui l’attend désormais. La Française commencera les entraînements centre européen des astronautes à Cologne (Allemagne) en avril prochain. A ses côtés, le Suisse Marco Sieber, l’Espagnol Pablo Alvarez Fernandez, le Belge Raphaël Liégeois et l’Anglaise Rosemary Coogan, qui complètent ce pool des cinq astronautes de carrière.
Un autre Français était ce mercredi dans les 17, mais au sein des réservistes cette fois-ci. Il s’agit d’Arnaud Prost, 30 ans, lui aussi ingénieur aéronautique de formation passé par ISAE SUPAERO. Arnaud Prost a commencé sa carrière comme plongeur professionnel et ingénieur de projet pour la division espace et innovation au sein de la Compagnie Maritime d’Expertises (Comex), entreprise basée à Marseille et spécialisée dans l’ingénierie et le monde sous-marin. En 2017, il intègre l’Armée de l’Air en tant qu’apprenti pilote de chasse puis pilote de chasse. Le trentenaire travaille actuellement comme ingénieur d’essais au centre d’essais en vol de la Direction générale de l’armement (DGA), à Istres.
« C’était presque une anomalie d’avoir qu’un seul Français »
Thomas Pesquet, présent au Grand Palais Ephémère pour accueillir ses nouveaux coéquipiers, s’est dit ravi de la présence de deux compatriotes dans les 17 : « C’était presque une anomalie d’avoir qu’un seul Français dans le pool des astronautes européens quand on sait l’importance de la France dans le spatial ». « Je suis super fier de Sophie et Arnaud. Ils ont des compétences incroyables, des CV de dingues et, surtout, ils ont passé des tests psychologiques qui m'ont fait peur rétrospectivement, ajoute l’astronaute français.
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Il faudra maintenant que Sophie Adenot, et encore plus à Arnaud Prost dans les réservistes à ce jour, fassent preuve de patience, autre qualité indispensable à un astronaute, insiste Thomas Pesquet : « Il faut parfois attendre plusieurs années avant de partir dans l’Espace », rappelle-t-il. La première mission en orbite pour le premier de ces cinq nouveaux astronautes n’est d’ailleurs pas prévue avant 2026.
Pour rappel, ils étaient 22.589 Européens à avoir tenté leur chance au printemps 2021, en envoyant leur CV à l’ESA. Dont 7.137 Français, soit de loin le plus gros contingent de candidats. Un premier écrémage, basé sur les documents et les questionnaires remis par les candidats au moment de déposer les CV, avait déjà permis de ramener le nombre de postulants à 1.500 en octobre 2021. Suivirent cinq autres étapes de sélections, des tests psycho cognitifs à l’entretien ultime dans le bureau de Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA, le mois dernier.
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