ARCHEOLOGIEUn dé truqué datant de l’Antiquité découvert par hasard

Un dé truqué datant de l’Antiquité découvert par hasard lors d’une sortie scolaire

ARCHEOLOGIELes jeux de hasard, très populaires à l’époque gallo-romaine impériale, faisaient parfois l’objet de diverses tentatives de triche
20 Minutes avec Agence

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Un enfant avait découvert en 2000 un petit cube d’os lors d’une sortie scolaire d’initiation aux fouilles archéologiques sur le site de la villa gallo-romaine de Mageroy en Belgique. Il avait involontairement cassé l’objet et un liquide gris s’en était écoulé. Selon les travaux réalisés par le projet européen ERC Locus Ludi et dont les résultats ont été publiés dans la revue Pallas d’octobre 2022, il s’agissait ainsi d’un dé truqué au mercure, rapporte Sciences et Avenir. Un objet particulièrement rare puisqu’aucun autre dé similaire n’a, pour l’instant, été retrouvé.

« Sans cet accident, nous n’aurions jamais remarqué que le dé était truqué, tout simplement parce que le mercure n’a pas vraiment d’incidence sur le poids de l’objet » a admis Thomas Daniaux, chercheur suisse et coordinateur de l’étude. En plein essor lors de l’époque romaine impériale (27 av. J.-C. – 476 apr. J.-C.), les jeux de hasard ont rapidement été associés à des tricheries en raison des gains importants qu’ils pouvaient générer. Certains escrocs faisaient ainsi jouer les participants avec des dés aux faces dédoublées.

Un objet de grande valeur

Ici, la méthode de tricherie est différente. L’objet a été minutieusement creusé et du mercure a été inséré pour venir alourdir le dé dans le bon sens, sans pour autant influer sur le poids total de l’objet. Pour forcer la bonne face, le joueur devait ainsi faire discrètement couler le plomb dans la face opposée.

Les chercheurs ont, par ailleurs, estimé que l’objet a dû être particulièrement cher à produire. Selon Thomas Daniaux, il aurait ainsi fallu « un savoir-faire digne d’un orfèvre » pour creuser le dé. « Cela nous permet d’évaluer le prix (certainement assez élevé) du dé terminé et donc des sommes colossales qui étaient pariées dans les jeux d’argent » a-t-il déclaré. Une technique similaire, à base de poudre de fer, avait également été relayée à l’époque ; ce qui invite le chercheur à penser que d’autres dés déjà retrouvés seraient en réalité truqués.