On s’est beaucoup inquiétés des nouveaux virus, mais les bactéries, même les plus banales, sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Un groupe de chercheurs européens a ainsi constaté que les infections dues aux streptocoques A sont bien plus fréquentes qu’on ne l’imaginait en Europe. Les streptocoques A sont des bactéries très répandues. La plupart des infections qu’ils provoquent sont bénignes et localisées : elles se manifestent par des maux de gorge ou de petits boutons sur la peau qui peuvent évoluer en angine ou en furoncles. Toutefois, pour des raisons encore méconnues, dans certains cas, l’infection devient plus agressive et les streptocoques se répandent dans l’organisme. Ils envahissent les muscles et les tissus et se mettent à les digérer, causant des dommages irréversibles voire mortels aux vaisseaux sanguins et aux organes vitaux tels que le cœur, les reins ou le foie.Des scientifiques, issus de onze pays de l’Union européenne, ont donc recensé systématiquement tous les cas reportés d’infections par les streptocoques A. Au commencement de l’étude, ils s’attendaient à trouver environ 1000 cas; 18 mois plus tard, ils en décomptaient plus de 5000! Ainsi, Aftab Jasir, qui a dirigé l’étude, révèle qu’au Royaume- Uni le nombre de cas reportés d’infections a doublé en cinq ans.Les chercheurs ont en plus été surpris de découvrir un très grand nombre de types bactériens différents parmi les souches répertoriées. Un phénomène préoccupant, car on ne sait toujours pas pourquoi certains types de streptocoques A bénins peuvent brusquement devenir plus virulents et dégénérer en gangrène ou en syndrome de choc toxique. Ensuite, cette grande diversité génétique rend difficile la mise au point d’un vaccin efficace.Surtout, elle permet aux streptocoques de tromper le système immunitaire et de développer plus rapidement des résistances aux antibiotiques.