Vénus : Faute d’eau la vie n’est pas possible sur la plus proche voisine de la Terre
PLANETE•Une étude réfute les conclusions d'un astronome qui affirme avoir découvert de la phosphine sur Vénus, un gaz provenant sur Terre d’une activité humaine ou microbienne20 Minutes avec AFP
Même si c’est la planète la plus proche voisine de la Terre, Vénus n’est pas pour autant accueillante. La vie telle qu’elle est connue sur la planète bleue y est impossible, faute de suffisamment d’eau dans son atmosphère, selon une étude parue lundi dans Nature Astronomy. C’est une nouvelle réfutation à celle de scientifiques sur la détection d’un gaz possiblement lié au vivant.
« Il n’y a pas de vie active possible » dans les nuages de Vénus, estime le microbiologiste John Hallsworth, principal coauteur de l’étude. La voisine de la Terre lui ressemble pourtant à bien des égards, par sa taille et sa masse, mais s’en distingue par une température de surface infernale, 470°C, et une atmosphère de gaz carbonique à 97 %. Autant dire peu propices à la vie.
Débats scientifiques sur la phosphine
La planète est de surcroît couverte d’une couche épaisse de nuages constitués de gouttelettes d’acide sulfurique. C’est dans celle-ci qu’en septembre dernier, l'astronome britannique Jane Greaves a annoncé la découverte de phosphine. Ce composé provenant, sur Terre, d’une activité humaine ou microbienne, l’annonce avait mis la communauté scientifique en ébullition, avant d’être vigoureusement contestée par des spécialistes.
Cette fois, l’objection vient sur la possibilité même qu’un organisme vivant puisse exister dans de telles conditions. Un des sujets d’étude de John Hallsworth, de la Queen’s University de Belfast, est « la quantité minimale d’eau dont les microbes [les plus résistants] peuvent se satisfaire sur Terre pour rester actifs et se développer ». Son jugement est sans appel : la quantité d’eau disponible dans les nuages de Vénus est « plus de cent fois trop faible » pour la survie des micro-organismes les plus résilients connus. Autrement dit, « à une distance infranchissable avec ce que la vie exige pour fonctionner ».
L’équipe du Pr. Jane Greaves a finalement revu à la baisse la quantité de phosphine qu’elle affirme avoir détectée. Pour Chris McKay, astrophysicien de la Nasa et coauteur de l’étude de lundi, « il n’y a pas de consensus ferme dans la communauté scientifique que le signal détecté soit de la phosphine ». Mais même s’il y en a bien, on connaît suffisamment l’atmosphère de Vénus pour « dire s’il y a assez d’eau pour la vie », selon Chris McKay. Et « sur Vénus ce n’est pas le cas, et de loin ».
De nouvelles explorations vers 2030
Pour cet expert de la Nasa, les trois sondes qui exploreront Vénus aux alentours de 2030 confirmeront les données de température, pression et mesure d’eau déjà acquises, en permettant par ailleurs de retracer l’histoire de cette voisine « qui a pu être habitable il y a trois milliards d’années ». Mais l’étoile du Berger, comme on l’appelle, pourrait-elle abriter une autre forme de vie que celles que nous connaissons ? A cette question « philosophique », Chris McKay répond qu’alors, « on quitte la biologie (…) et on entre dans le royaume de l’imagination ». L’espace a aussi une part de rêve.