Une espèce rare de trou noir détectée grâce à une technique inédite
RECHERCHE•La découverte d’un trou noir de taille intermédiaire atteignant la masse de 55.000 soleils doit cependant être confirmée20 Minutes avec agences
Des scientifiques australiens ont annoncé la détection d’une espèce très rare de trou noir, de taille intermédiaire, par une technique inédite qui a trahi sa présence, selon une étude de physiciens australiens parue ce lundi dans Nature Astronomy. « C’est la première preuve de l’existence d’un trou noir de taille intermédiaire d’une telle masse », atteignant celle de 55.000 soleils, a déclaré un doctorant à l’Ecole de physique de l’Université de Melbourne.
Si la découverte est confirmée, elle comblera un vide qui intrigue les spécialistes de la physique des trous noirs. Théorisé par Einstein, cet objet concentre sa matière avec une telle densité qu’elle empêche jusqu’à la lumière d’échapper à sa force de gravitation. On n’en connaît vraiment à ce jour que deux familles, radicalement différentes par leur taille.
Des indices de leur existence depuis quelques années
Les trous noirs stellaires, des petits poucets formés par l’effondrement d’une étoile mourante sur elle-même, dont la masse va jusqu’à une dizaine de celle de notre soleil. Et à l’autre extrémité, des ogres tapis au cœur de chaque galaxie, les trous noirs supermassifs. Comme « celui au centre de notre Voie lactée, qui fait quelques millions de masses solaires », a expliqué le directeur adjoint de l’Institut de radioastronomie millimétrique. Les plus massifs atteignent plusieurs milliards de masses solaires.
Fort logiquement, « on s’est donc demandé s’il n’existait pas des trous noirs de masse intermédiaire », ajoute l’astrophysicien. Et si ceux-ci ne joueraient pas un rôle dans la genèse de leurs congénères supermassifs. Les auteurs de l’étude remarquent que les indices de leur existence s’accumulent depuis quelques années. Des scientifiques ont annoncé en septembre dernier la découverte d’un premier trou noir de masse intermédiaire, de 145 masses solaires seulement.
Près de 40.000 trous noirs de ce type dans notre galaxie ?
« Ça trouble tout le monde, parce qu’on cherche quelque chose d’un ordre de grandeur entre des dizaines et des millions de masses solaires », remarque le scientifique. Les Australiens auraient touché une cible plus prometteuse en identifiant et analysant les données de sursauts gamma. Ces flashs lumineux, extraordinairement puissants, viennent d’évènements comme l’explosion d’étoiles massives.
L’un d’eux, GRB 950830, a fait apparemment une drôle de rencontre sur le chemin jusqu’à notre Terre, depuis son lieu d’émission, à des milliards d’années-lumière, « dans les premiers âges de l’Univers ». Son signal lumineux a été enregistré avec une sorte d’écho, provoqué par son passage près d’un trou noir, qui a joué le rôle de « lentille gravitationnelle » : la masse du trou noir est si grande qu’elle déforme la structure de l’espace-temps et courbe le trajet de la lumière passant à sa proximité, en le dédoublant.
C’est la mesure de ce décalage qui aurait permis de révéler la présence du trou noir et sa masse théorique. « Nous estimons qu’on pourrait compter 40.000 trous noirs intermédiaires dans notre galaxie », a déclaré une professeure astrophysicienne et coautrice de l’étude. Pour son collègue de l’Université australienne Monash, il pourrait s’agir d’un « trou noir primordial », créé dans l’enfance de l’Univers. D’une masse énorme, ces objets ont pu être « les précurseurs des trous noirs supermassifs », dont l’origine reste inexpliquée, écrit-il dans un communiqué.