De puissants vents mesurés pour la première fois dans la stratosphère de Jupiter
ESPACE•Les courants enregistrés sont trois fois plus puissants que les plus fortes tornades jamais mesurées sur Terre20 Minutes avec agence
Un « monstre météorologique unique dans notre système solaire ». Voilà comment l’Observatoire européen austral (ESO) a qualifié le phénomène de vents puissants mesurés pour la première fois dans la stratosphère de Jupiter.
L’étude a été publiée en février dans la revue Astronomy & Astrophysics et partagée ce 18 mars sur le site de l’ESO. « Notre découverte indique que ces jets pourraient se comporter comme un vortex géant d’un diamètre pouvant atteindre quatre fois celui de la Terre et d’une hauteur de quelque 900 kilomètres », a détaillé l’astronome Bilal Benmahi, rapporte Numerama.
Une comète à la rescousse
Si les scientifiques connaissaient déjà l’existence de ces vents soufflant près des pôles de Jupiter, c’est la première fois qu’ils enregistrent des courants dans la moyenne atmosphère de la géante gazeuse. Des vents qui peuvent atteindre les 1.450 km/h, soit trois fois plus que les tornades les plus puissantes enregistrées sur Terre. Alors comment les scientifiques s’y sont-ils pris pour récupérer de telles données ?
C’est une équipe d’astronomes du Laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux qui s’est chargée de ces travaux. Comme ils ne pouvaient pas se baser sur les nuages, absents dans cette partie de l’atmosphère, pour mesurer les vents, ils ont dû s’appuyer sur d’autres outils. Les scientifiques se sont alors souvenus qu’en 1994, la comète Shoemaker-Levy 9 était entrée en collision avec Jupiter. Une collision entraînant un fort impact et la création de nouvelles molécules, désormais en circulation dans la stratosphère de la planète. Les astronomes ont donc suivi le trajet d’une de ses molécules, le cyanure d’hydrogène, pour mesurer la puissance des vents.
Leurs mesures ont été réalisées grâce à des antennes de haute précision d’ALMA situées dans le désert d’Atacama au Chili, précise l’Observatoire européen austral. Et les résultats sont très encourageants pour l’astronome Thibault Cavalié. « [Ils] ouvrent une nouvelle fenêtre pour l’étude des régions aurorales de Jupiter, ce qui était vraiment inattendu il y a seulement quelques mois », s’est-il enthousiasmé.