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Rennes : Deux chercheurs récompensés pour avoir percé en partie le mystère de la dyslexie
EURÊKA•Physiciens à l’université Rennes 1, Albert Le Floch et Guy Ropars vont recevoir ce mardi le prestigieux prix de l’Académie nationale de médecine
Jérôme Gicquel
L'essentiel
- Deux physiciens rennais vont recevoir ce mardi le prix de l’Académie nationale de médecine.
- Après quinze ans de recherche, ils ont réussi à percer en partie le mystère de la dyslexie.
- La cause de ce trouble de la lecture serait cachée dans de minuscules récepteurs des yeux.
Leurs travaux publiés en octobre 2017 dans la revue britannique The Royal Society ont suscité beaucoup d’espoir chez les 700 millions de personnes souffrant de dyslexie dans le monde. Plutôt méfiant au début, le monde médical a également salué les recherches de Guy Ropars et d’Albert Le Floch. Tous deux physiciens à l’université Rennes 1, ils recevront ce mardi après-midi le prestigieux prix de l’Académie nationale de médecine.
« C’est toujours agréable de voir son travail reconnu après de longues années de recherches, indique Albert Le Floch, aujourd’hui à la retraite. C’est d’autant plus surprenant que nous sommes physiciens et que nous sommes récompensés par l’Académie de médecine ».
Des yeux symétriques entraînent une confusion dans le cerveau
Pendant une quinzaine d’années, les deux chercheurs se sont intéressés à la lumière afin de déterminer si elle jouait un rôle dans les troubles d’apprentissage de la lecture. Leurs travaux les ont conduits à étudier à la loupe de minuscules récepteurs des yeux appelés centroïdes de la tache de Maxwell. C’est dans cette zone de la rétine, la fovéa, que serait nichée selon eux l’une des causes de la dyslexie.
« Chez ceux qui ne sont pas atteints par ce trouble, ces récepteurs de la lumière sont asymétriques et n’ont pas la même forme d’un œil à l’autre, détaille Guy Ropars. Alors que chez les personnes dyslexiques, les deux taches de Maxwell sont identiques ». L’absence d’œil directeur chez ces personnes entraînerait ainsi une confusion dans le cerveau en créant des « images-miroirs » entre lesquelles il est incapable de choisir.
Des lampes et des lunettes sur le marché
Pour tenter de corriger cette anomalie de l’œil, les deux scientifiques ont développé un système lumineux permettant de gommer cette « image-miroir » qui gêne tant les personnes dyslexiques. « On fait en sorte d’effacer le tableau pour ne pas perturber la lecture », souligne André Le Floch. Depuis leur découverte, ce sont près de 200 familles qui sont venues tester leur « lampe miracle » dans leur laboratoire au sein de l’université. Avec des tests concluants à près de 90 % selon eux. « Des enfants ont réussi à lire pour la première fois un texte sans problème », assure André Le Floch.
La découverte de ces deux scientifiques bretons intéresse en tout cas fortement les industriels. Inspirée par leurs travaux, la start-up Lexilife a ainsi présenté en début d’année au CES de Las Vegas une lampe d’aide à la lecture pour les personnes dyslexiques. L’opticien Atol vient également de lancer sur le marché des lunettes pour faciliter la lecture. « On les laisse faire leur business, sourit André Le Floch. Nous, on ne fait pas ça pour l’argent mais pour améliorer la science ».