ASTROPHYSIQUEUn « sursaut radio rapide » attribué pour la première fois à un magnétar

Un magnétar de notre galaxie identifié pour la première fois comme la source d'un « sursaut radio rapide »

ASTROPHYSIQUELes magnétars sont un genre assez rare d’étoile à neutrons
20 Minutes avec agences

20 Minutes avec agences

Des astrophysiciens ont identifié pour la première fois un magnétar de notre galaxie comme étant la source d’un « sursaut radio rapide ». Depuis la première détection de ce phénomène cosmique en 2007, les scientifiques s’interrogent sur l’explication de ces flashs d’ondes électromagnétiques ou FRB (Fast Radio Burst). Son origine est d’autant plus difficile à déterminer que l’évènement dure de l’ordre du millième de seconde.

Jusqu’à cette année, on pensait que ce phénomène provenait uniquement d’autres galaxies. Mais le 28 avril dernier, une expérience canadienne et l’observatoire américain STARE2 ont détecté un tel sursaut dans une même région du ciel. Les deux équipes l’ont attribué au magnétar SGR 1935+2154, situé dans notre Voie lactée, selon leurs études respectives parues dans Nature ce mercredi.

Le magnétar, un genre d’étoile à neutrons

« C’est le premier sursaut radio rapide qu’on attribue à un objet connu », a expliqué Christopher Bochenek, astrophysicien à l’Institut américain Caltech et responsable de STARE2. « Le magnétar (contraction de « magnetic star ») est un genre d’étoile à neutrons avec un champ magnétique si puissant qu’il déforme un noyau d’atome en crayon », a-t-il expliqué dans un point de presse. L’astre de faibles dimensions – de l’ordre de la dizaine de kilomètres - mais de masse importante, tourne sur lui-même en quelques secondes.

Le FRB détecté a émis « en une milliseconde autant d’énergie en onde radio que le soleil pendant 30 secondes », selon le scientifique. Un signal suffisamment puissant pour en trouver la trace dans le récepteur d’un smartphone après qu’il eut traversé la moitié de la galaxie. Un voyage estimé à 30.000 années-lumière.

Une étude internationale

Cette découverte est le fruit d’un véritable effort international avec le télescope canadien d’un nouveau type CHIME, le petit réseau ouest-américain de stations d’écoute radio STARE2 et le radio-télescope chinois FAST. Les données de ce dernier, utilisées dans la troisième étude menée par le Pr Bing Zhang de l’Université de Las Vegas, ont contribué à « déterminer comment les magnétars sont associés à des FRB ». Mais aussi à comprendre un peu mieux comment ils fonctionnent.

Ces objets célestes, outre leur puissant champ magnétique, sont réputés produire des bouffées de rayons gamma, très énergétiques. L’équipe du Pr Bing a remarqué que le magnétar en question en avait émis 29 quasiment au même moment que le FRB. « Avant nous avions peut-être 50 modèles théoriques et maintenant nous en avons un expliquant le phénomène de FRB », a souligné le Pr. Bing lors du point de presse. Il a évoqué, sans en exclure d’autres, un « scénario prudent » dans lequel tous les sursauts radio rapides dans l’univers seraient émis par des magnétars.

Localiser le plus grand nombre de FRB

Cette hypothèse est également partagée par Daniele Michilli, astrophysicien et membre de l’équipe CHIME, qui précise avoir « détecté plusieurs centaines de FRB, que nous sommes en train de confirmer et d’analyser ». L’objectif de ses collègues est maintenant de localiser le plus grand nombre possible de signaux FRB « pour identifier leurs géniteurs ».

Les observations devraient aussi permettre de classer les magnétars en fonction de leur rythme d’émission de sursauts radio rapide. SGR 1935+2154 pourrait s’avérer avare dans ce domaine, avec des émissions peu fréquentes, alors que d’autres seraient plus actifs.