Espace : En trente ans, le télescope Hubble « nous a ouvert les yeux vers nos origines »
IN THE SPACE•Ce vendredi, cela fera trente ans que le télescope spatial Hubble scrute les confins de l’UniversBéatrice Colin
L'essentiel
- Il y a trente ans, le télescope spatial Hubble était lancé.
- Après quelques couacs au démarrage, il est à l'origine de nombreuses découvertes en astrophysique et a inspiré de nombreux astronomes en herbe.
- La Cité de l’espace permettra de revivre cet anniversaire lors d’un événement 100 % digital, histoire de s’évader pendant le confinement.
Il y a trente ans, le télescope Hubble embarquait dans la soute de la navette Discovery, direction l’espace, à 600 km au-dessus du plancher des vaches. Pour nombre d’astrophysiciens, ce nouvel instrument était plein de promesses, une révolution même qui a permis de voir aux confins de l’Univers, de découvrir la galaxie la plus lointaine jamais observée, à 13,4 milliards années-lumière.
« Des découvertes majeures », pour Thierry Contini, directeur de recherche au CNRS. Pour lui qui étudie les galaxies naissantes, les milliards d’étoiles qui les composent comme la Voie lactée, Hubble est une source inépuisable d’informations. Ce vendredi, ce scientifique partagera ses connaissances sur les aventures du télescope lors d’un événement 100 % digital organisé par la Cite de l'espace et l’association d’astronomie Ups in Space de 13 heures à 23 heures, sur les réseaux sociaux. Un moyen de s’évader en plein confinement et de montrer le rôle de la recherche fondamentale.
« Sa qualité d’images, hors atmosphère, est d’une netteté qu’on ne peut atteindre sur Terre et c’est son atout principal, cela nous a permis de mieux voir les astres et d’aller plus loin », pose en préambule ce chercheur à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie.
Hubble a rendu l’Univers concret
Mais cela n’a pas toujours été le cas. Car avant de voir Hubble livrer les premières observations de haute qualité de galaxies jusque-là inconnues, il a fallu attendre. Deux mois après sa mise en orbite, mi-juin, les premières images arrivent sur Terre… Et elles sont floues. Hubble est myope et il va falloir corriger cela.
Trois ans et une mission de sauvetage plus tard, le télescope pouvait montrer tout ce qu’il avait dans le ventre. « Avec une telle qualité, pourquoi ne pas regarder pendant longtemps un point dans l’espace. C’est ce qui a été fait, en accumulant la lumière d’astres lointains. On a obtenu le premier champ profond, c’est l’image la plus profonde que l’on ait de l’univers à l’heure actuelle. Hubble est une machine à remonter le temps cosmique et voit les galaxies telles qu’elles étaient il y a longtemps. Il a ouvert les yeux vers nos origines, a permis de voir comment les galaxies évoluent et a fait avancer nos connaissances sur notre système solaire », poursuit Thierry Contini. Autant de données qui ont servi à estimer l’âge de notre Univers.
En transmettant 120 Go de données chaque jour, Hubble a rendu aussi l’espace concret pour le grand public, a permis de mettre des images sur des mots, poussant certains vers l’astronomie, et les décevant parfois de ne pas retrouver dans leur télescope toute la beauté des astres qu’il leur avait livrés. Des nuages de gaz et supernovæ, en veux-tu en voilà.
A tel point que pour son anniversaire, la Nasa a décidé d’en livrer quelques-unes, à travers un petit jeu interactif, où chacun peut sélectionner le jour de son anniversaire et voir quelle image avait été captée ce jour-là.
Bientôt la fin
Parmi ses faits d’armes, on trouve aussi les trous noirs supermassifs au centre des galaxies, dont il a confirmé la présence. Tout comme l’existence de la matière noire. Grâce à ces 13,2 mètres de long et 4,2 m de large, ce petit bijou de technologies a découvert les lunes de Pluton, les planètes naines de la ceinture de Kuiper, ou encore Arrokoth, l’objet le plus lointain exploré par l’humanité en début d’année dernière après le survol de la sonde New Horizons.
L’an prochain, après plus de trente ans de bons et loyaux services, il devrait et laisser sa place à son successeur, le télescope James Webb. A moins qu’on lui rallonge une fois de plus sa durée de vie…