DECOUVERTEGrâce à des empreintes de pattes, ils percent le mystère des ptérosaures

« Jurassic Park » dans le Lot : Grâce des empreintes de pattes, des paléontologues percent le mystère des ptérosaures

DECOUVERTEPrès de Cahors, sur une plage qui n’en est plus une depuis des millions d’années, des paléontologues ont suivi une piste et levé l’énigme de la locomotion des fameux ptérosaures, les reptiles volants du Jurassique
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Près de Cahors, la Plage aux Ptérosaure garde gravées dans son calcaire les traces des animaux qui sont passés il y a 150 millions d’années.
  • Deux paléontologues viennent d’y lever le mystère de la locomotion des fameux reptiles volants.
  • Les ptérosaures n’étaient pas si balourds.

Ils ont des surnoms mignons – « Dimitri », « Lili », ou « Mimi » – et comptaient jusqu’à il y a peu parmi les créatures les plus énigmatiques de la paléontologie. Les ptérosaures, ces reptiles volants du Jurassique, avec leurs ailes tendues de peau, leurs pieds à cinq doigts, et leurs nombreuses dents acérées, ont laissé des traces sous forme de fossiles et de squelettes.

Mais dans le Lot, à Crayssac, un endroit magique appelé justement « la Plage aux Ptérosaures », leur empreinte est bien plus édifiante. « Il y a 150 millions d’années, c’était une plage de boue où des ptérosaures mais aussi des dinosaures, des crocodiliens, des tortues marchaient. Ils ont laissé leurs traces, qu’on retrouve aujourd’hui gravées dans le sol devenu calcaire », explique Jean-Michel Mazin, paléontologue retraité du CNRS, qui fouille ce site situé tout près de Cahros depuis 25 ans avec l’association PaleoAquitania.

La piste vers le Saint Graal

Et parmi les nombreuses « pistes » (des pas que l’on peut suivre), celles, énigmatiques, d’un ptérosaure «archaïque», à grandes ailes et pas vraiment profilé, qui fait débat depuis deux siècles. « On se demandait s’il marchait, et si oui, sur deux ou quatre pattes, d’autres imaginaient qu’il ne se posait pas », détaille Jean-Michel Mazin.

Les
Les  - PaleoAquitania

Alors depuis deux ans, avec sa collègue paléontologue Joane Pouech, il suit la fameuse piste de cet « oiseau » pas plus gros qu’un rat et présumé maladroit. Les chercheurs ont mesuré, extrapolé, modélisé, mouliné. Et au début du mois de février, dans une publication dans la revue scientifique internationale Geobios, ils ont livré leur verdict sur « le dernier groupe d’animaux vertébrés qui gardait son mystère » : « Cette lignée de ptérosaures marchait à quatre pattes, et plutôt bien», assure Jean-Michel Mazin.

L’annonce, « bien accueillie », a fait grand bruit dans le monde de la paléontologie. « Un collègue a même parlé de Saint Graal », assure le spécialiste, ravi de retourner sur sa plage pour désormais s’attaquer à d’autres mystères.