SCIENCESDes chercheurs alertent sur un possible retour de la vache folle

Vache folle : Des chercheurs alertent sur un possible retour de la crise sanitaire

SCIENCESDes chercheurs de l’Inra et l’école vétérinaire de Toulouse pensent avoir établi l’origine de l’encéphalopathie spongiforme bovine, plus connue sous le nom de « vache folle »
Béatrice Colin

Béatrice Colin

L'essentiel

  • Des chercheurs de l’Inra et l’école vétérinaire de Toulouse pensent avoir établi l’origine de l’encéphalopathie spongiforme bovine.
  • Trente ans après la crise de la vache, ils pointent la responsabilité des farines animales et mettent en garde sur leur possible retour dans les étables sous la pression des industriels.

Au milieu des années 1980, le Royaume-Uni est touché par une crise sanitaire sans précédent, celle de la vache folle. Trente ans plus tard, des scientifiques toulousains viennent d’établir l’origine possible de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).

Après plus de sept ans d’étude, des chercheurs de l'Inra et l'Ecole nationale vétérinaire de Toulouse ont montré grâce à des expérimentations que la protéine à l’origine de tremblante atypique du mouton, baptisée prion, avait la capacité à franchir la barrière d’espèce qui limite naturellement sa propagation aux bovins.

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Pour parvenir à ces résultats, parus lundi dans la revue Nature Communications, les chercheurs ont injecté à des souris fabricant le prion d’origine bovine une forme particulière de la tremblante du mouton. Les rongeurs transgéniques ont de fait développé l’encéphalopathie spongiforme bovine dans 95 % des cas.

Une pathologie transmissible ensuite à l’homme, notamment sous la forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob après la consommation de viande contaminée.

Alerte sur un retour des farines animales

Pour endiguer l’épidémie de la vache folle, les autorités avaient pris des mesures pour interdire la consommation par les bovins de farines animales, des produits issus de carcasses et d’abats de bêtes contaminés par l’ESB.

« Aujourd’hui la chaîne alimentaire est protégée par ces mesures et c’est grâce à cela qu’il n’y a plus de cas de contaminations et que nous avons réussi quasiment à éliminer l’encéphalopathie spongiforme bovine », explique Olivier Andreoletti, vétérinaire et pathologiste qui a dirigé l’étude. Seuls des cas sporadiques de la maladie persistent, comme ce cas détecté en 2016 dans les Ardennes.

Mais le risque d’une épidémie est tout de même toujours là. « Les mesures mises en place coûtent cher et il y a aujourd’hui une pression des industriels. Certains évoquent la possibilité de lever l’interdiction de recycler les carcasses en farines animales. On n’est pas là pour donner des leçons mais pour produire des connaissances », poursuit le scientifique.

Un éventuel feu vert donné par la Commission européenne au retour des farines animales sur le marché lui fait craindre le pire. Car une chose est sûre pour l’équipe de scientifique, « si on recommence à avoir les mêmes pratiques, on aura les mêmes effets ».