La première « patrie » de l'homme moderne localisée dans l'actuel Botswana
ETUDE•La première communauté humaine moderne, un peuple de chasseurs-cueilleurs nommé Khoïsans, aurait vécu dans la même région pendant 70.000 ans20 Minutes avec agences
Homo sapiens sapiens aurait vécu là-bas il y a 200.000 ans avant de migrer 70.000 années plus tard. La première « patrie » de l’homme moderne vient d’être localisée dans une région d’Afrique australe, dans le nord de l’actuel Botswana, indique une étude publiée ce lundi dans Nature.
« Nous savons depuis longtemps que l’homme moderne était apparu en Afrique il y a environ 200.000 ans. Mais nous ignorions jusqu’ici où se situait précisément cette patrie », a déclaré lors d’une conférence de presse Vanessa Hayes, auteure principale des travaux.
200 génomes étudiés
L’équipe de scientifiques a fondé ses recherches sur la généalogie génétique, qui permet de tracer des modèles de migrations. Elle a analysé 200 génomes mitochondriaux, marqueurs génétiques de la généalogie maternelle, prélevés sur des populations vivant actuellement en Namibie et en Afrique du Sud.
Les tests ADN ont révélé la présence rare du plus ancien lignage génétique maternel, appelé « L0 », encore porté par ces populations. « En observant ce lignage, nous nous sommes demandé d’où venaient ces personnes, où vivaient-elles ? », explique Vanessa Hayes. « Nous avons fait des analyses spatiales pour remonter le temps, car à chaque fois qu’une migration intervient, c’est enregistré dans notre ADN, qui change », poursuit la généticienne.
Les Khoïsans, ancêtres communs
En comparant les génomes, les chercheurs ont réussi à isoler un ancêtre commun, un ancien Khoïsan, peuple de chasseurs-cueilleurs vivant toujours aujourd’hui. Selon l’étude, tous les hommes actuels partagent ce même ancêtre. Ces Khoïsans, première communauté humaine moderne, auraient vécu au même endroit pendant 70.000 ans, sans en bouger.
La communauté aurait ainsi prospéré dans cette région située au sud du fleuve Zambèze, qui part de l’actuelle Namibie, traverse le nord du Botswana et va jusqu’au Zimbabwe. Aujourd’hui désertique, elle était à l’époque humide, verdoyante et luxuriante. Des analyses géologiques combinées à des modèles climatiques ont montré qu’elle abritait un immense lac, deux fois grand comme le lac Victoria.
Les premières migrations hors d’Afrique
Le climat a ensuite commencé à changer. Le lac s’est disloqué, la région s’est peu à peu asséchée, et les populations ont commencé à migrer via des « corridors verts », en direction du nord-est, puis du sud-ouest. Ces premiers départs ont ouvert la voie à la future migration des hommes modernes hors d’Afrique.
Mais certains sont restés, s’adaptant à la sécheresse. Leurs descendants y vivent toujours, et sont restés chasseurs-cueilleurs. « Les Khoïsans qui vivent ici n’ont jamais quitté la patrie ancestrale. Eux savent qu’ils ont toujours été ici, ils se le racontent de génération en génération. Moi, je devais le prouver scientifiquement au reste du monde », se réjouit Vanessa Hayes, qui a mis dix ans à mettre au jour cette généalogie génétique.