«La culture du viol chez les chiens»: Quand des revues scientifiques américaines se font piéger par de fausses études
CANULAR•Trois personnes ont réussi à faire publier de fausses études aux conclusions ridicules dans des revues américaines de sociologie…20 Minutes avec agences
Leur objectif était de montrer le manque de rigueur de certaines revues scientifiques. Et il est grandement atteint. Trois personnes ont réussi un canular aux Etats-Unis en faisant publier dans plusieurs revues de sociologie des articles de recherche entièrement inventés et aux conclusions ridicules.
Au total, sept faux articles sur les vingt écrits par le trio ont été acceptés. Ils ont ainsi passé l’obstacle redouté des comités de lecture censés vérifier la rigueur académique du travail. Ils concernaient des sujets de société explosifs, sur le genre, le racisme ou la sexualité.
Viol chez les chiens, « Mein Kampf » et godemiché
L’une des études, publiée en mai dans la revue Gender, Place & Culture et finalement retirée, prétendait étudier la culture canine du viol dans les parcs à chiens. Une autre expliquait pourquoi un homme se masturbant en pensant à une femme sans son consentement commettait une agression sexuelle. Enfin, un papier était en réalité une réécriture féministe d’un chapitre de Mein Kampf.
Certains articles étaient des essais, mais quelques-uns affirmaient se reposer sur des données, comme des entretiens, ce qui est en théorie vérifiable. C’était le cas d’une étude sur l’impact de l’usage d’un godemiché anal par des hommes hétérosexuels sur leur transphobie. « Si notre projet démontre une chose, c’est qu’on ne peut pas faire confiance à la recherche actuelle dans ces disciplines », explique James Lindsay, doctorant en mathématiques et qui s’est consacré pleinement à ce projet. Mais le but, selon lui, est de « réformer » ces disciplines, et non de les détruire.
La déontologie des faux auteurs dénoncée
Des chercheurs s’inquiètent toutefois de la méthode et de la déontologie des faux auteurs, ainsi que des conclusions généralisatrices que certains pourraient en tirer pour les disciplines visées. « Ils ont montré que lorsqu’on propose une étude bourrée de données fausses, elle peut être publiée. Mais on le sait depuis des décennies », dit Ivan Oransky, du site Retraction Watch.
De plus, il est clair que les auteurs du canular ont visé des disciplines « avec qui ils ont des objections politiques, et non académiques », avance la professeure d’études du genre à l’université du Sussex, Alison Phipps dans le Times of Higher Education. Alors manque d’intégrité de la part des faux auteurs ou des revues scientifiques ?