Deux prix Nobel de physique en cinquante-cinq ans pour les femmes scientifiques. La Canadienne Donna Strickland, première femme prix Nobel de physique depuis 1963, a rendu hommage à sa prédécesseur s’est réjouie mardi que les femmes aient « fait beaucoup de chemin » depuis la précédente lauréate Maria Goeppert Mayer.

« Dès que j’en ai l’occasion, je parle de la dernière femme à avoir remporté un prix Nobel », a-t-elle raconté lors d’une conférence de presse depuis l’université de Waterloo au Canada, où elle enseigne. « Et tout d’abord, je dois admettre, désolée, que je l’avais en fait appelée "il" dans ma thèse. Quelqu’un qui a lu ma thèse m’a dit "honte à toi, Donna", alors j’ai changé et mis "elle" », a-t-elle poursuivi. « Je connaissais son travail, mais je ne savais pas que c’était une "elle". »

Pas payée avant les années 1950

En 1939, Maria Goeppert Mayer avait « prédit qu’un atome pouvait absorber deux photons », rappelle Donna Strickland. « C’est une femme qui a pensé à ça et changé notre façon de faire de la science. Et pourtant elle a simplement suivi son mari de poste en poste », a-t-elle ajouté. « Il est devenu professeur, est monté en grade et a travaillé comme chimiste à l’université. Elle avait le droit d’enseigner si elle le souhaitait, elle pouvait avoir un bureau, mais elle n’a pas été payée avant les années 1950 ».

« Donc évidemment, les femmes ont fait beaucoup de chemin », a insisté la nouvelle lauréate. « J’ai l’impression d’être payée de la même façon [que les hommes], depuis toujours, d’être traitée de la même façon ». Cette prise de parole intervient après les propos sexistes d'un astrophysicien, assurant que la physique n'était pas faire pour les femmes.

Donna Strickland « bouleversée » par sa récompense

Loin de la polémique, Donna Strickland s’est dite « bouleversée » par sa récompense. « J’ai hâte d’en parler avec Gérard [Mourou] », son ancien professeur, un Français également couronné du prix Nobel pour leurs travaux sur la technique d’amplification des lasers, a-t-elle souligné.

Donna Strickland et Gérard Mourou ont partagé le prix Nobel de physique avec l’Américain Arthur Askin, pour leurs recherches sur les lasers qui ont permis de développer des outils de haute précision utilisés dans l’industrie et la médecine.