Trépanation: Un crâne de vache opéré il y a plus de 5.000 ans interroge les scientifiques
FOSSILE•Ce crâne découvert en Vendée dans les années 1970 pourrait fournir « la preuve la plus ancienne d’une pratique chirurgicale vétérinaire »…20 Minutes avec agences
Cette tête de vache est un vrai mystère. L’étude d’un crâne de bovin percé d’un trou, découvert sur un site néolithique français, prouve que les hommes pratiquaient la trépanation sur les animaux il y a plus de 5.000 ans.
Cela pourrait faire de ce fossile le premier cas connu de chirurgie vétérinaire, selon une des hypothèses avancées par les chercheurs dans une étude parue jeudi 19 avril dans Scientific Reports.
Trépanation animale ?
L’homme pratiquait déjà la chirurgie crânienne à la période mésolithique (environ 10.000 ans avant Jésus-Christ). « En Europe, il y a beaucoup de crânes humains datant du néolithique qui montrent des signes de trépanation », explique Fernando Ramirez Rozzi, paléoanthropologue au CNRS. « Mais on n’avait encore jamais retrouvé de crâne animal trépané ».
aLe crâne de vache a été découvert dans les années 1970 sur le site de Champ Durand, en Vendée. Ce camp fortifié, entouré de fossiles, semble avoir été un centre d’échanges important pour les populations qui commercialisaient le bétail.
Plusieurs explications possibles
L’équipe de chercheurs a d’abord voulu démontrer que la vache n’avait pas eu le crâne percé par un coup de corne d’un autre bovin ou par une pierre reçue sur la tête. Dans ce cas, « on devrait voir que l’os était enfoncé vers l’intérieur. Or ce n’est pas du tout le cas », argumente Fernando Ramirez Rozzi.
Mais pourquoi des hommes préhistoriques ont-ils trépané un bovin ? Les scientifiques supposent que cela pouvait être pour soigner la vache. Si c’est le cas, alors « Champ Durand fournit la preuve la plus ancienne d’une pratique chirurgicale vétérinaire », selon l’étude.
Autre piste : ces hommes cherchaient peut-être à s’exercer sur l’animal avant d’opérer des hommes. « La vache de Champ Durand fournirait la plus vieille preuve d’une expérimentation sur un animal » dès 4.000 avant notre ère. Fernando Ramirez Rozzi privilégie la seconde hypothèse. « Je ne vois pas très bien l’intérêt de vouloir sauver un bovin, qui faisait partie d’un gros troupeau ».