VIDEO. Non, l'ADN d'un astronaute n'a pas été modifié dans l'espace
FAKE OFF•La publication d'un communiqué de la NASA a semé le trouble...Mathilde Cousin
L'essentiel
- La NASA a donné les premiers résultats d’une étude sur Scott et Mark Kelly, deux astronautes américains, également jumeaux.
- Plusieurs médias, dont 20 Minutes, ont annoncé, à tort, que l’ADN de Scott avait été modifié de 7 % après son séjour d’un an dans l’espace.
- L’erreur vient de l’interprétation d’un communiqué de la NASA.
Edit : Le mot « gènes » a été remplacé par « expression des gènes » dans le dernier paragraphe. L'expression a été ajoutée au cinquième paragraphe.
L’ADN d’un astronaute a-t-il été modifié suite à un séjour prolongé dans l’espace ? La nouvelle a été reprise sur de nombreux médias américains et francophones, après la publication d’un communiqué de la NASA. Une nouvelle spectaculaire, mais erronée.
Plusieurs sites, dont 20 Minutes, expliquaient début mars que l’ADN de Scott Kelly a été modifié après que l’astronaute américain a passé 340 jours d’affilée dans l’espace, entre mars 2015 et mars 2016. Avant, pendant et après ce séjour dans l’espace, la NASA a effectué toute une série de tests sur Scott Kelly et sur Mark Kelly, son vrai jumeau, également astronaute, mais qui est resté à terre pendant cette période.
Devant l’ampleur des reprises médiatiques, la NASA a publié un rectificatif le 15 mars. « Mark et Scott Kelly sont des vrais jumeaux ; l’ADN de Scott n’a pas été fondamentalement modifié, explique l’agence spatiale. Ce que les chercheurs ont bien observé, ce sont des changements dans l’expression des gènes, qui sont la façon dont le corps réagit à son environnement. »
Scott Kelly s’est lui-même amusé de cette méprise : « Quoi ? Mon ADN a changé de 7 % ! Qui l’eût cru ? » a-t-il tweeté, en reprenant le lien d’un article de Newsweek.
D’où vient la confusion ?
La NASA n’a pas encore publié d’étude complète sur les résultats des expériences menées sur les deux astronautes. Seul un communiqué succinct est disponible sur le site de la NASA. C’est de l’interprétation de ce communiqué qu’est né le mélange entre ADN, gènes et expression des gènes.
La NASA précise que « 93 % des gènes de Scott sont revenus à la normale après l’atterrissage. » Pour les 7 % restant, des changements à plus long terme sont possibles, notamment dans les gènes liés au système immunitaire, la réparation de l’ADN, aux réseaux de formation des os, à l'hypoxie (la diminution de la concentration d’oxygène dans le sang) et à l'hypercapnie (l’augmentation pathologique de la concentration de CO2 dans le sang).
Un changement dans des situations stressantes
Comme le souligne Scott Kelly dans son tweet, si son ADN avait vraiment été modifié de 7 %, Mark Kelly ne serait plus son vrai jumeau. Si 7 % de son patrimoine génétique avait changé, l’astronaute serait revenu de l’espace en appartenant à une autre espèce, souligne The Atlantic. Alexis Verger, biologiste moléculaire au CNRS, explique au Figaro que « la différence entre l’ADN humain et celui du chimpanzé est de 2 % ».
Une modification de 7 % de l'expression des gènes est beaucoup plus probable. Selon l’agence américaine, cela peut se produire dans des situations de stress. Ce changement de 7 % est « minimal » et concerne l'expression de gènes qui ne sont pas retournés à leur situation d’avant le vol six mois après le retour sur terre de l’astronaute. Ces changements seront expliqués plus en détail quand l’étude complète sera rendue publique. La publication est prévue cette année.
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