Les premiers américains démasqués par les WC

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ARCHEOLOGIE – Des excréments fossilisés confirment l’origine asiatique des premiers américains…
Yaroslav Pigenet

Yaroslav Pigenet

Retrouve où tes ancêtres ont fait leurs besoins, je te dirais d’où tu viens… Mettant en pratique cette idée apparemment farfelue, un groupe international d’archéologues a retrouvé dans une grotte de l’Oregon (Etats-Unis) les plus vieux restes humains en Amérique du Nord : des excréments fossilisés vieux de 14.300 ans. Cette découverte, publiée jeudi dans la revue «Science», renforce également l’hypothèse d’une origine exclusivement asiatique des populations américaines précolombiennes.

Petit coin oublié

Les grottes de Paisley dans l’Oregon sont aujourd’hui situées dans une région sèche et désertique, mais il y a plus de 10 000 ans, elle était bordée par un lac et était régulièrement visitée par les animaux qui peuplaient alors la région. Depuis 2002, l’archéologue Dennis Jenkins et son équipe de l’Université de l’Oregon y ont ainsi excavé un type bien particulier de fossiles: des crottes fossilisés aussi appelés coprolithes.

Vieilles crottes

Sur plus de 700 coprolithes découverts, la plupart provenaient manifestement d’animaux mais Jenkins soupçonnait une origine humaine pour une soixantaine d’entre eux. Il a confié ces spécimen au paléogénéticien Eske Willerslev du Center for Ancient Genetics de Copenhague (Danemark) qui a confirmé qu’au moins six de ces coprolithes, datés de 12.300 à 14.300 ans, provenaient bien d’excréments humains. Jusqu’ici, les plus anciens fossiles humains retrouvés en Amérique du Nord était attribués attribuée à la civilisation Clovis, postérieure d’au moins 1.000 ans aux coprolithes de Paisley.

L’Amérique envahie par la Sibérie

L’analyse des fragments d’ADN conservés dans les coprolithes humains a par ailleurs révélé au moins deux types génétiques – appelés A2 et G2- qui caractérisent deux des quatre populations amérindiennes et que l’on retrouve chez certaines populations sibériennes, mais dont on ne trouve aucune trace dans les populations européennes. Cette découverte confirme l’hypothèse d’un peuplement de l’Amérique par des chasseurs nomades d’origine asiatique, via le détroit de Bering .

Elle rend en revanche plus improbable l’hypothèse avancée en 1998 par le paléontologue Dennis Stanford, qui suggérait que les Européens du solutréen avaient été les premiers occupants de l’Amerique du Nord via les iceberg qui dérivaient alors dans l’Atlantique glaciaire.
suggérait que les Européens du solutréen avaient été les premiers occupants de l’Amerique du Nord
Elle rend en revanche plus improbable l’hypothèse avancée en 1998 par le paléontologue Dennis Stanford, qui suggérait que les Européens du solutréen avaient été les premiers occupants de l’Amerique du Nord via les iceberg qui dérivaient alors dans l’Atlantique glaciaire.