Des chercheurs bouleversent la généalogie des chevaux domestiques
SCIENCES•Jusqu’à présent les chevaux de Botaï, au Kazakhstan, étaient considérés comme les ancêtres de tous nos chevaux domestiques. C’était sans compter sur la découverte étonnante d’une équipe de chercheurs toulousains…Hélène Ménal
Il faut croire qu’on misait sur le mauvais cheval. Jusqu’à présent, la communauté scientifique tenait pour acquis que le cheval de Botai, apprivoisé il y a cinq millénaires dans les steppes du Kazakhstan, était l’ancêtre de tous les chevaux domestiques actuels.
Mais les résultats surprenants obtenus et publiés récemment dans la revue internationale Science par l’équipe toulousaine de Ludovic Orlando, du Laboratoire Anthopologie moléculaire et imagerie de synthèse (CNRS-Université Paul-Sabatier), redistribuent complètement les cartes.
Les chercheurs sont remontés aux sources en séquençant, sur la base d’ossements, le génome de 22 chevaux de Botaï. Leur objectif premier était de « saisir sur le fait l’évolution biologique associée à la domestication », une recherche impossible sur les équidés contemporains du fait de la sélection opérée par les éleveurs.
Un descendant peut en cacher un autre
Et dans ce voyage, des steppes à la Ville rose, ils sont allés de surprise en surprise. La première et la plus « révolutionnaire » étant que les chevaux analysés n’ont rien en commun avec les chevaux domestiques modernes. Plus fort encore, ils sont les ancêtres directs des fameux chevaux de Przewalski, autrement dit les derniers chevaux sauvages censés exister sur la planète. Bref, en cherchant le début de la branche domestique, ils sont tombés « en réalité sur les descendants sauvages des premiers chevaux jamais domestiqués », indique le CNRS.
Autre découverte surprenante, l’équipe a trouvé chez les chevaux de Botaï la présence d’un allèle induisant l’apparition d’une robe léopard qui s’est par la suite perdu par sélection naturelle.
Avec tout ça, on ne sait plus maintenant qui sont les ancêtres de nos chevaux. Il faut chercher ailleurs. Les chercheurs toulousains dirigent leurs regards sur d’autres sites en Asie centrale, dans les steppes du sud de la Russie ou encore en Anatolie.