Espace: Comment une association de scientifiques tente de relancer le projet d’un village sur la Lune
EXPLORATION SPATIALE•Plus d'une centaine de scientifiques de divers domaines se sont réunis à Strasbourg pour réfléchir à l'installation future d'un village sur la Lune qui serait possible dans quelques années...Bruno Poussard
L'essentiel
- L'association Moon Village a tenu lundi et mardi sa première réunion à l’International space university, à Strasbourg.
- Parmi les invités, des ingénieurs, des scientifiques, des commerciaux, des communicants, des juristes, des artistes, des théologiens.
- Derrière la volonté d’entraîner une vaste communauté lunaire responsable derrière eux, les membres de l’association rêvent de voir les infrastructures d’un village se monter vraiment, dans une station spatiale en orbite ou sur le sol de la Lune.
Avec Apollo 11, Neil Armstrong a posé le pied sur la Lune il y a 48 ans déjà. Depuis, des sondes spatiales soviétique et chinoise ont aussi atterri en douceur sur le satellite terrestre - en 1976 et 2013. Mais des scientifiques du monde entier ont désormais de bien plus grandes ambitions : y retourner, et plus longtemps cette fois.
«La prochaine étape, c’est d’y aller régulièrement. »
Afin d’y réfléchir, l’association Moon Village est née cette année. Sa première réunion s’est terminée ce mardi à l’International space university, à Strasbourg. Venu de Londres, le chercheur Mahesh Anand, de l’European space science commitee, répète : « On n’a pas vu grand-chose de la Lune. La prochaine étape, c’est d’y aller régulièrement. »
Installer sur un plus long terme des humains en orbite ou dans un cratère offrirait ainsi des opportunités scientifiques. Pour vérifier la présence d’eau dans les pôles, poursuivre les recherches sur la formation du satellite (et donc d’autres planètes dans le Système solaire) ou encore explorer d’autres endroits, dont la fameuse face cachée de la Lune.
Un exemple de capsule spatiale hébergé à Strasbourg
Dans ses locaux d’Illkirch, l’International space university (ISU) dispose d’ailleurs d’un exemple de capsule spatiale capable d’accueillir deux astronautes durant quinze jours. Une infrastructure discutée, entre autres, par plus d’une centaine de spécialistes d’une vingtaine de pays rassemblés en Alsace, dont un représentant de la Nasa.
Mais les sujets abordés lundi et mardi ont dépassé largement le domaine spatial. Au menu des discussions: engins d’atterrissage, de plus en plus légers et un peu moins coûteux ; théologie et religion pour réfléchir autour du rôle d’une telle mission ; protection et préservation de la Lune ; ou encore standards de communication et de transmission de données à sélectionner.
Tout le monde invité à prendre part au projet de Moon Village
« Tout le monde peut amener quelque chose à ce projet multidisciplinaire », insiste Chris Walsh, enseignant à l’ISU et organisateur de ce premier rendez-vous. Parmi les invités, des ingénieurs, des scientifiques, des commerciaux, des communicants, des juristes, des artistes, des théologiens. Et tout le monde est invité à donner son avis. Vous aussi !
Président de la nouvelle association Moon Village, basée en Autriche, Guiseppe Reibaldi complète :
« « Nous souhaitions surtout créer une plateforme de discussion en dehors des organisations gouvernementales afin que des hommes retournent sur la Lune. Avec une communauté de scientifiques, d’industriels, de représentants d’agences nationales, d’académies ou aussi du grand public. Chacun peut nous donner ses idées ! » »
Derrière la volonté d’entraîner une vaste communauté lunaire responsable derrière eux, les membres de l’association rêvent de voir les infrastructures d’un village se monter vraiment, dans une station spatiale en orbite ou sur le sol de la Lune. Ce que Guiseppe Reibaldi estime possible dans quinze ans, à peu près. Mais par qui ? Et avec qui ?
De nombreuses interrogations et un but à clarifier
Autant de questions loin d’être résolues. Même si, déjà, les scientifiques s’intéressent aux matériaux de construction disponibles sur le satellite terrestre. « Ce n’est pas certain que cela arrivera, c’est à nous de nous en assurer, reprend Malesh Anand. Pas à pas. Avec une approche globale et réfléchie. » Des entreprises scrutent tout ça d’un œil.
Avec d’autres pistes d’expansion humaine ou d’exploitation industrielle possibles sur la Lune, les interrogations sont grandes. En attendant, les réflexions des premiers ateliers de la Moon Village Association devraient déboucher sur des propositions en vue du deuxième International space exploration forum organisé au Japon en 2018.