Pourquoi il n’y a pas plus belle fin, ce vendredi, pour la sonde Cassini?
ESPACE•La sonde Cassini va se désintégrer ce vendredi midi en plongeant dans Saturne après avoir été tant utile pour la compréhension de la planète aux anneaux. Il n’y avait guère d’alternatives à cette fin…Fabrice Pouliquen
L'essentiel
- Ce vendredi, à 13h54, la sonde spatiale pénétrera dans les hautes sphères de Saturne avant d’entamer une chute vertigineuse. On perdra alors pour toujours Cassini.
- La sonde spatiale, qui voyage depuis vingt ans dans l’espace, arrivait à court de carburant et la Nasa voulait s’assurer qu’elle ne s’écrase pas n’importe où. D’où ce suicide assisté.
Vous n’aimeriez sans doute pas connaître pareille mort que Casssini. A 13h54, heure de Paris, la sonde spatiale pénétrera dans les hautes sphères de Saturne, planète autour de laquelle elle a tourné pendant treize ans. Arrivée à 1.929 km au-dessus des nuages, Cassini entamera alors une chute vertigineuse avant de cesser brusquement d’émettre et de se désintégrer sous l’effet combiné des fortes turbulences et de la formidable chaleur produite par sa traversée de l’air à 111.000 kilomètres à l’heure, décrit le CNRS (Centre national de la recherche scientifique).
Déjà neuf années de rab
L’odyssée « Cassini » sera terminée. « Odyssée » est le terme adéquat. En près de vingt années dans l’espace, la mission spatiale Cassini a enregistré de nombreux succès. Il s’agit de la plus grosse sonde jamais envoyée dans l’espace, la première à avoir été mis sur orbite de Saturne et le largage de Huygens, un petit module que Cassini avait embarqué au décollage, sur Titan, un des satellites de Saturne, « est aujourd’hui encore et pour longtemps, l’atterrissage le plus lointain jamais réalisé dans le système solaire », estime Olivier Sanguy, rédacteur en chef de la rubrique actualités de la Cité de l’espace.
La sonde Cassini a déjà eu droit à plusieurs années de rab dans l’espace. Au décollage, en 1997, la sonde spatiale s’embarquait pour un voyage de onze années. Sept pour arriver jusqu’à Saturne et quatre autres à tourner autour de la planète aux anneaux et de ses lunes. Mais puisqu’elle permettait des découvertes scientifiques importantes, sur notre compréhension de Saturne comme du système solaire, et puisqu’elle était toujours en très grande forme, elle a été prolongée de neuf années.
En manque de carburant
Mais pourquoi alors mettre un point final aujourd’hui à ce grand voyage ? C’est tout bête, répond Olivier Sanguy : « Cassini arrive à bout de carburant. Le risque était de perdre le contrôle de ses moteurs d’attitude, qui permettent d’orienter la sonde. La Nasa craignait alors que Cassini, une fois hors de contrôle, fasse des orbites erratiques et qu’elle finisse par s’écraser sur les lunes Titan ou Encelade. Le risque est infime mais il existe quand même. »
Or Titan et Encelade sont deux satellites sur lesquelsla sonde Cassini nous invite à penser qu’il pourrait y avoir une forme de vie. Pas des petits hommes verts, mais des traces organiques. De quoi donner l’envie en tout cas d’y retourner un jour. « On ne peut donc pas prendre le risque que Cassini s’y écrase, cela fausserait les résultats scientifiques à venir. Imaginez qu’on se pose sur Titan ou Encelade dans dix ou vingt ans et qu’on découvre de traces de vie même simple, il y aurait toujours ce doute que ces traces résultent d’un possible crash de la sonde sur l’un de ces deux satellites. »
Un plongeon dans Saturne des plus utiles
Mieux vaut donc ce suicide contrôlé pour Cassini. « La sonde va complètement se consommer dans l’atmosphère de Saturne, explique Olivier Sanguy. Ce sera un nettoyage au lance-flammes, rien n’en restera. Et vu la taille gigantesque de Saturne, on ne peut pas dire que Cassini va la polluer. »
Dans ce grand final, à suivre en live ce vendredi midi sur 20 Minutes, la sonde Cassini s’efforcera de maintenir le plus longtemps possible son antenne orientée vers la Terre. Dans sa chute vertigineuse, qui durera d’une à deux minutes, précise le CNRS, la sonde transmettra d’ultimes informations sur la composition des gaz et des plasmas de la planète Saturne, les températures et les champs magnétiques rencontrés.