Jamais on n’avait découvert d’exoplanète aussi proche de nous. La confirmation, mardi dans Nature, de la découverte de Proxima B, dans l’orbite de l’étoile Proxima du Centaure, se double d’une jolie surprise : La planète tourne autour de son étoile à une distance qui rend possible la présence d’eau liquide et de vie à sa surface.

Proxima du Centaure est bien connue des chercheurs qui traquent les planètes situées en dehors du système solaire, car c’est la plus proche de notre soleil. L’astrophysicien belge Michael Gillon, de l’Université de Liège, co-découvreur de plusieurs exoplanètes « potentiellement habitables », analyse l’importance de cette découverte.

On a découvert plus de 3.000 planètes en dehors du système solaire, depuis la première en 1995. Pourquoi ne découvre-t-on que maintenant celle qui tourne autour de Proxima du Centaure ?

Parce que le système de Proxima du Centaure n’est pas facile à examiner. L’étoile est proche, mais beaucoup moins brillante que le soleil (670 fois moins), elle pèse 10 % de son poids et émet essentiellement de la lumière infrarouge. D’ailleurs, de la Terre on ne la voit pas à l’œil nu, il faut une lunette pour l’observer…

Dans mon équipe nous avons déjà essayé de scruter ce système par la méthode du « transit » (on guette la baisse de luminosité qui résulte du passage d’une planète devant l’étoile), sans rien détecter. Là, ils ont pu utiliser une autre méthode, gravitationnelle (on détecte indirectement les mouvements de la planète), avec une quantité de données très importante.

Cette planète, Proxima B, est située à une distance de 4,2 années-lumière, soit quarante mille milliards de kilomètres. Que change cette découverte ?

C’est très enthousiasmant qu’une étoile si proche de nous dispose d’une planète potentiellement habitable. Et il est possible qu’avec certains instruments on soit assez rapidement capables d’observer directement l’image de cette planète, et de détecter une atmosphère, si elle en a une.

La prochaine étape, c’est la découverte de vie extraterrestre. Comment procède-t-on ?

On cherche des signes de cette vie en guettant, par exemple dans la lumière émise par la planète, des traces de molécules caractéristiques de la vie. Ce sont des « biomarqueurs ». Cela peut-être de l’oxygène en grande quantité, si on prouve qu’aucun autre phénomène n’a pu le produire. Avec les nouveaux instruments qui sont en train d’être mis en place, je pense que l’on peut espérer une telle découverte d’ici une dizaine d’années.