Découverte de 1.284 exoplanètes par la Nasa: «On va en trouver une ou deux très ressemblantes à la Terre»
INTERVIEW•L’astronome Jean Schneider estime tout à fait probable que l’on découvre des planètes ressemblant à la Terre…Propos recueillis par Audrey Chauvet
Elles sont désormais 21. Mardi, la Nasa a annoncé la découverte de 1.284 exoplanètes, des planètes situées hors du système solaire, parmi lesquelles neuf ont plusieurs points communs avec la Terre : elles sont à peu près de la même taille et sont en orbite à une distance ni trop proche ni trop lointaine de leur étoile, rendant possible la présence d’eau à leur surface. On connaît donc désormais 21 exoplanètes sur lesquelles la vie serait possible. Pour Jean Schneider, astronome à l’Observatoire de Paris, il est désormais certain que nous allons identifier une ou plusieurs planètes très similaires à la Terre.
La Nasa estime être sur la voie pour découvrir « de nouveaux mondes habitables ». Est-ce possible ?
C’est tout à fait possible. C’est aujourd’hui certain qu’on va trouver une ou deux planètes très ressemblantes à la Terre. Mais de même que deux êtres humains ne se ressemblent jamais exactement, jamais une planète ne sera tout à fait identique à une autre. On trouvera une planète qui sera très ressemblante : elle aura à peu près la même taille et sera à peu près à la même distance de son étoile que la Terre l’est du Soleil. Mais l’annonce de la Nasa de mardi n’est pas extraordinaire : on s’y attendait et c’est le contraire qui aurait été étonnant.
Le téléscope Kepler observe le transit de planètes lorsque leur orbite passe devant leur étoile.
Comment savoir de quoi sont composées ces planètes et si la vie y serait possible ?
Savoir s’il y a de l’eau dans leur atmosphère est faisable d’ici les vingt prochaines années. Avec un spectrographe, on peut observer la lumière qui vient de la planète : si elle est absorbée par de la vapeur d’eau, cela change légèrement cette lumière à des longueurs d’onde très précises. Donc, si on détecte de la vapeur d’eau dans l’atmosphère, on en déduit qu’il y a de l’eau à la surface. Ensuite, pour savoir si cette eau est liquide ou pas, il faut connaître la température moyenne à la surface de la planète, et on peut aujourd’hui en avoir une idée assez précise.
Kepler peut-il nous renseigner sur toutes les planètes potentiellement sœurs de la Terre ?
Kepler ne voit que les planètes qui passent devant leur étoile par rapport à nous, de la même manière que nous avons pu voir Mercure passer devant le Soleil ce lundi. De plus, la distance moyenne des étoiles que voit Kepler est de 1.000 années-lumière. C’est plus facile qu’à seulement 10 années-lumière car pour qu’une planète passe devant son étoile par rapport à nous, il faut que son orbite soit correctement orientée et la probabilité que cela arrive est faible. Donc si on veut détecter une planète par cette méthode, il faut observer des milliers de planètes en même temps et donc prendre du recul.