Chine: Des chercheurs modifient à nouveau des gènes d'embryons humains
GENETIQUE•Les chercheurs ont introduit une résistance au VIH dans des embryons humains et leur étude suscite de nouvelles controverses…20 Minutes avec agences
Un an après une première mondiale, réalisée en Chine en 2015, des scientifiques chinois ont à nouveau génétiquement modifiés des embryons humains. Malgré la controverse et les inquiétudes d’ordre éthique suscitées par la première étude, la Chine montre ainsi qu’elle entend poursuivre ses recherches sur la génétique.
Quatre embryons sur 26 ont été modifiés avec succès
Les équipes de l’université médicale de Canton ont donc annoncé, dans Journal of Assisted Reproduction and Genetics, avoir utilisé une technique d’édition du génome, nommée CRISPR-Cas9, pour introduire une mutation dans des cellules humaines, les rendant ainsi résistantes au VIH. Quatre embryons sur 26 ont été modifiés avec succès, mais tous les chromosomes ne portaient pas la mutation.
Développé depuis 2012, CRISPR-Cas9 est un outil permettant de corriger l’ADN défectueux, « un peu comme un logiciel de traitement de texte peut permettre d’éditer ou de corriger la typographie d’un document », précise Emmanuelle Charpentier, une des biologistes auteurs de cette technique.
Son utilisation par des équipes chinoises sur des embryons humains, avant même que soit établit un consensus éthique international sur ce procédé, suscite aujourd’hui la controverse.
La recherche chinoise est un « simple jeu avec des embryons humains »
Qu’importe, Han Bin, le directeur du Centre chinois pour la recherche génétique, estime que les bénéfices thérapeutiques potentiels de la technique pour lutter contre les maladies liées à l’hérédité, dont le cancer, « doivent l’emporter sur les scrupules ».
L’étude chinoise « ne semble pas apporter beaucoup plus que des preuves anecdotiques que (le CRISPR-Cas9) fonctionne pour les embryons humains, ce que nous savions déjà », a confié, à la revue Nature, George Daley, biologiste à l’Hôpital pédiatrique de Boston. De son côté, Tetsuya Ishii, spécialiste en bioéthique à l’université de Hokkaido (Japon) a qualifié la recherche chinoise de « simple jeu avec des embryons humains ».
Pour que la Chine élabore « ses propres normes et règlements »
Fan Yong, principal auteur de l’étude, a, quant à lui, balayé les critiques dans un communiqué transmis au Global Times : « Nous devons garder notre cap, obtenir des droits de propriété intellectuelle indépendants et une voix au chapitre » dans le milieu académique international. Il rejoint ici Han Bin qui souhaite, lui, que la Chine élabore « ses propres normes et règlements ».
Un souhait en bonne voie de réalisation puisque la Chine entend bel et bien consolider sa réputation de pays leader dans la recherche génétique. Ainsi, le plus grand site mondial de clonage d’animaux est ainsi en cours de construction dans le nord du pays. Là, les experts ont l’ambition de fabriquer animaux de compagnie et vaches à viande. Quant au directeur-général de Boyalife, le groupe chinois à l’initiative du projet, a assuré posséder la technologie pour dupliquer des humains.