Epidémie de sida aux Etats-Unis: Le «patient zéro» n'est pas l'homme que l'on croyait
SANTE•Grâce aux avancées scientifiques, un biologiste moléculaire a réalisé une nouvelle étude génétique et daté plus précisément l'arrivée du VIH aux Etats-Unis...20 Minutes avec agence
Longtemps les scientifiques ont cru que Gaëtan Dugas avait introduit le virus du sida aux États-Unis. Il n’en est rien. Avancées scientifiques aidant, une nouvelle étude génétique menée par le biologiste moléculaire Michael Worobey (université d’Arizona à Tucson) vient de démontrer en effet, que le steward canadien, mort en 1984, n’est pas ce fameux « patient zéro » (ou « patient index »).
L’épidémie remonterait à 1970 pour New York et à 1975 pour San Francisco
Michael Worobey, qui a publié les résultats de ses analyses dans la revue scientifique américaine Science,, a scruté la séquence génétique de souches virales VIH présentes dans des échantillons sanguins collectés en 1978 et 1979 à San Francisco et à New York. Ces séquences ont été comparées à celles du virus contenu dans un échantillon sanguin de Gaëtan Dugas collecté en 1983.
Bilan : ces nouveaux tests génétiques balayent le fait que le steward d’Air Canada serait l’homme qui a introduit le VIH aux États-Unis. Selon les chiffres de Worobey, l’épidémie américaine de sida remonterait aux alentours de 1970 pour la ville de New York et de 1975 pour San Francisco. Or, le génome viral de Gaëtan Dugas se situait, lui, entre les deux.
Il aurait transmis le virus à au moins 40 personnes diagnostiquées avant 1982
Ce génome, résume Science, serait d’ailleurs proche de celui de souches virales qui circulaient à l’époque à Haïti, où le Canadien s’était rendu en 1977. Reste que Gaëtan Dugas est devenu une légende aux Etats-Unis, depuis 1984 et la première recherche épidémiologique menée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies d’Atlanta.
On prêterait ainsi plus de 250 partenaires par an à ce steward au succès fou qui aurait, rappelle Michael Worobey, bel et bien transmis le virus du sida à au moins 40 des 248 personnes diagnostiquées aux Etats-Unis avant 1982.