INNOVATIONMétéo: Ressusciter Lothar ou Xynthia pour anticiper les tempêtes de demain

Météo: Ressusciter Lothar ou Xynthia pour anticiper les tempêtes de demain

INNOVATIONLes météorologues ont créé des modélisations vouées à développer des scénarios de prévention…
20 Minutes avec agence

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Réinventer les tempêtes d’hier pour mieux anticiper les dégâts que provoqueront celles de demain, tel est l’objectif d’une étude bretonne qui a recensé, analysé et même rejoué le scénario de précédentes tempêtes dans l’optique d’en faire émerger des modèles de référence.

Car s’il est aujourd’hui possible d’anticiper de près d’une semaine l’arrivée des tempêtes, il était jusqu’à présent quasiment impossible d’en évaluer l’impact sur l’activité humaine, faute de modèles existants.

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Une base de données de tempêtes

Météo-France a donc travaillé avec différents services spécialisés afin de réaliser une base de données de tempêtes ayant frappé la Bretagne, un secteur géographique « très complexe avec un risque de submersion très disparate selon les zones », dixit Franck Baraer, responsable du service études et climatologie de la direction interrégionale Ouest de Météo-France.

Le projet Vimers, lancé en 2011, s’est ainsi appuyé sur une base de 200 tempêtes ayant eu lieu entre 1958 et 2014 pour retenir un échantillon de 25 tempêtes ayant frappé entre 1987 et 2014.

Des tempêtes équivalentes avaient déjà frappé au 20e siècle

« En 1999, quand la tempête Lothar est arrivée sur les écrans des prévisionnistes, les modélisations ne ressemblaient à rien de ce que nous connaissions. Des gens avec 20 ou 30 ans d’expérience disaient qu’ils n’avaient jamais vu ça », se souvient Franck Baraer. Or une tempête équivalente avait déjà frappé la France en 1935, mais était passée, depuis, aux oubliettes.

Même constat en 2010, avec Xynthia. La vigilance tempête, mise en place après 1999, avait certes été activée, mais le risque de submersion marine, mentionné par Météo-France dans son bulletin, n’avait pas attiré l’attention. Dans le seul village de La Faute-sur-mer (Vendée), 29 personnes avaient péri noyées, alors que dans cette même commune, des tempêtes équivalentes avaient déjà frappé au 20e siècle, là encore, sans que ces événements n’aient été enregistrés.

Des modélisations de vagues

Les équipes de Météo-France ont ainsi cherché à rejouer certaines tempêtes passées, et à en générer d’autres, plausibles. Des modélisations de vagues ont même été testées sur certaines parties du littoral breton. Et les résultats sont édifiants. La modélisation a en effet permis de mettre en évidence des surcotes possibles de 2 à 2,5 mètres sur certaines zones littorales de l’est de la Bretagne.

Par comparaison, la surcote à La Faute-sur-Mer lors du passage de Xynthia était de 1,80 m. « Notre rôle de météorologue, c’est de montrer que c’est possible. Il faut que les élus, les gens qui vivent en bord de mer, le sachent », termine Franck Baraer. Ces modélisations de tempêtes dévastatrices sont disponibles dans le rapport Vimers, sur le site de la Dreal Bretagne.