Deux jours après la publication de l’article qu’il a cosigné, Olivier Mousis répond toujours avec autant de sérieux et aux questions les plus farfelues concernant la présence de dioxygène sur la comète Tchouri. Après tout, vulgariser ses connaissances fait aussi parti du métier d’astrophysicien. Donc non, « encore une fois, on ne peut pas respirer cet oxygène », sourit le scientifique attaché au laboratoire d’astrophysique de Marseille. Il n’est pas non plus utile d’envisager l’hypothèse d’une vie extraterrestre parmi les conséquences de cette découverte.

Quelques semaines après l’annonce par la Nasa de la découverte d’eau liquide sur Mars, il était pourtant tentant de remettre une pièce dans la machine à fantasmes. L’idée a été balayée par Kathrin Altwegg, l’une des auteures de l’étude, avec autant d’aplomb qu’Ariane 6 au décollage : « Cette découverte inattendue de dioxygène montre que cette molécule n’est pas un bon indice de la présence de vie. » Prends ça, E.T.

« L’hypothèse de la vie est farfelue »

Pour les astrophysiciens, l’oxygène n’est donc pas considéré comme un « traceur », un bon indicateur de la présence d’organismes vivants. « La vie ne produit pas d’eau ou d’oxygène, précise Fabienne Casoli, du Cnes. Elle a besoin d‘eau, c’est sûr. D’oxygène, pas forcément. Les conditions physiques, chimiques, dans l’univers permettent la formation d’eau, d’oxygène. Mais ce n’est pas parce qu’il y a des conditions favorables à la vie qu’il y en a. »

« L’hypothèse de la vie est farfelue, poursuit Olivier Mousis. Ce qu’on peut dire, c’est que l’oxygène est une molécule intéressante dans les corps célestes mais ce n’est pas suffisant pour créer de la vie. » Aujourd’hui, le portrait-robot de molécules permettant l’apparition de vie extraterrestre n’est même pas clairement établi. Tout juste sait-on qu’il faut de l’eau liquide, présente en grande quantité, sous forme d’océans et un sol rocheux.

Une sonde vers la planète Europe en 2022

Logiquement, il y a donc plus de chances – si on peut vraiment parler de chance – de trouver des traces de vie sur Mars que d’envisager la présence de vie sur la comète Tchouri, un astre primitif trop petit. Selon les spécialistes, les molécules complexes préalables à la vie seront plutôt à chercher sur les satellites de Jupiter, dont « Europe ». Pour en savoir un peu plus, la Nasa lancera une sonde vers cette lune en 2022. Après un voyage de 7 ans, elle pourra alors établir une carte de la planète, analyser sa géologie et, soyons fous, y chercher des traces de vie extraterrestre.