ESPACEUn immense océan se cache sur la lune… de Saturne

Un immense océan se cache sur la lune… de Saturne

ESPACELa découverte représente une avancée dans la recherche de vie extraterrestre…
La lune Encélade photographiée par la sonde Cassini en 2009.
La lune Encélade photographiée par la sonde Cassini en 2009. - AP/SIPA
Nicolas Bégasse

Nicolas Bégasse

De l’eau à perte de vue : un océan d’eau liquide recouvre l’entièreté de la surface d’Encélade, une lune de Saturne, selon les résultats d’une étude publiée cette semaine dans le journal Icarus et présentée par la Nasa. Problème : si on est à peu près sûr qu’il existe, on sait aussi qu’il se cache sous une épaisse couche de glace.

Vue de l’océan global d’Encélade - (c) Nasa/JPL-Caltech

Après avoir étudié des données recueillies par la sonde Cassini pendant sept années, les chercheurs ont repéré une oscillation dans l’orbite de la lune et ont cherché à comprendre son origine. La seule explication plausible, selon eux, est que la surface glacée de la lune n’est pas en contact avec son cœur rocheux : du liquide les sépare. Un immense océan d’eau liquide, s’étendant sur l’entièreté d’Encélade.

« Les ingrédients du cocktail de la vie semblent réunis »

On savait déjà que de l’eau se cachait sous la surface de la petite lune : depuis son pôle sud, d’immenses panaches de vapeur d’eau chargée de matières organiques sont éjectés, sans doute sous l’effet de sources chaudes souterraines. Mais comme on ne les trouve pas ailleurs, on pensait que seul une petite mer se trouvait sous la glace, et uniquement au Sud. L’étude publiée cette semaine représente donc une grosse avancée d’Encélade dans la course à qui montrera à l’humanité que la vie existe ailleurs que sur Terre.

Ce qu’on pensait auparavant : une mer uniquement au pôle Sud - (c) Nasa/JPL-Caltech

Car comme l’explique l’astrobiologiste Kevin Hand à National Geographic, « ces résultats signifieraient qu’on a affaire à de l’eau liquide, riche en matériaux organiques et qui existe depuis longtemps ». Assez longtemps pour que la vie ait pu y apparaître ? Dur à dire, mais pour le scientifique, « c’est une bonne nouvelle pour l’habitabilité ». Pour le mathématicien Nikolai Brilliantov, fin connaisseur d’Encélade, les ingrédients du cocktail de la vie semblent réunis : « Vous avez de l’eau liquide, de la matière et de la chaleur. C’est suffisant pour avoir de la vie », assure-t-il au Guardian.

Encélade, un objet à explorer en priorité

Interrogé par 20 Minutes, le spécialiste de l’exobiologie Hervé Cottin, professeur à l’université Paris-Est Créteil, se montre plus mesuré. « On a toujours tendance à penser que l’eau liquide est forcément associée à l’apparition de la vie, parce qu’on sait que sur Terre elle a jouté un rôle déterminant, reconnaît-il. Mais on n’a jamais démontré que l’eau permet l’apparition de la vie. » Surtout, Encélade n’a peut-être pas tous les ingrédients du cocktail de la vie. « Je vois une limite : la source d’énergie d’Encélade ne serait que d’origine thermique, et pas du tout de type rayonnement ultraviolet, vu que cette eau se trouve sous la glace. Or, les dernières théories suggèrent que ce rayonnement est un élément important pour l’apparition de la vie. »

Qu’importe : pour Hervé Cottin, la lune de Saturne « devient un objet à explorer en priorité, avec Mars et [la lune de Jupiter] Europe », où l’on retrouve aussi l’ordre eau glacée, eau liquide, roche. En attendant, d’autres indices pourront bientôt être récoltés par Cassini : fin octobre, la sonde va voler juste au-dessus de la surface d’Encélade, à moins de 50 kilomètres d’altitude, pour passer au travers d’un des fameux panaches du pôle Sud et le renifler de près.