INTERVIEWLes Nuits des Etoiles placées sous le signe du climat: «Regarder le ciel pour mieux connaître la Terre»

Les Nuits des Etoiles placées sous le signe du climat: «Regarder le ciel pour mieux connaître la Terre»

INTERVIEWL’exobiologiste Michel Viso nous explique pourquoi la 25e édition des Nuits des Etoiles, du 5 au 7 août, a pour thème « le climat et les atmosphères planétaires »…
Nicolas Bégasse

Propos recueillis par Nicolas Bégasse

Pour célébrer leur quart de siècle, et alors que la France accueille la Conférence sur le Climat dans moins de quatre mois, les Nuits des Etoiles, qui ont lieu du 5 au 7 août, ont choisi pour thème « le climat et les atmosphères planétaires ». Quel rapport entre écologie et astronomie ? « L’astronomie raconte le passé, d’où nous venons, répond Hubert Reeves, qui parraine cette édition avec sa fondation Humanité et biodiversité, et l’écologie nous parle d’avenir, en nous montrant que nous sommes menacés. »

Et les atmosphères, dans tout ça ? 20 Minutes a posé la question à Michel Viso, responsable de l’exobiologie au Centre national d’études spatiales (Cnes), également partenaire des Nuits des Etoiles.

En quoi étudier le ciel permet d’en savoir plus sur la Terre ?

Au cours de l’histoire des planètes, leur atmosphère évolue, sous l’action du Soleil et des phénomènes locaux. On en connaît bien quatre : celle de la Terre, de Vénus, de Mars et de Titan, toutes très différentes. Etudier les atmosphères, c’est apprendre à connaître les mécanismes qui les modifient. Et comprendre ça, c’est mieux prévoir leur évolution. Et par conséquent avoir une meilleure idée de comment évoluera, à l’échelle de dizaines de milliers d’années, l’atmosphère terrestre. Ce qui est d’autant plus dur que son histoire n’est pas « pure », à cause de l’influence humaine.

A court terme, comment va progresser notre connaissance des atmosphères planétaires ?

Il y aura d’abord ExoMars, un programme de l’Agence spatiale européenne, qui se décline en deux missions : en 2016, un satellite déposera un atterrisseur sur Mars, qui récoltera pendant quelques jours des données atmosphériques locales et montrera que l’Europe aussi peut se poser sur la planète rouge. Ce même satellite orbitera la planète pour en observer l’atmosphère, et notamment essayer de confirmer la présence de méthane [qui pourrait être un indice d’une vie martienne]. Puis en 2018, un atterrisseur russe y posera un rover européen, qui pourra notamment forer le sol martien jusqu’à 2m de profondeur. On peut aussi mentionner Seis, une mission de la Nasa qui étudiera la structure interne de Mars grâce notamment à des instruments européens.

Avec les projets de conquête de Mars, ou la découverte d’exoplanètes dans des zones habitables, on se prend à rêver d’une migration vers une autre planète…

On a le droit de rêver, mais ce ne sera qu’un rêve. Certains disent qu’il peut y avoir un plan B, comme Mars One. C’est faux : il n’y a pas de plan B. Il est fou, et pas très malin, de proposer qu’on quitte un endroit où il y a tout – des océans, des lacs, des plantes et des animaux- pour un endroit, Mars, où il n’y a rien. Ou pour des exoplanètes situées à des milliers d’années-lumière. Dire qu’on va sauver l’humanité comme ça, ce n’est pas sérieux. L’espace doit faire rêver, l’espace doit agrandir nos connaissances, mais le seul endroit où l’humanité vivra, jusqu’à son éventuelle extinction, c’est sur la Terre.