L'Homme à la loupe (2/5): Les blonds et les roux vont-ils disparaître?
SERIE D'ETE•Cette semaine, « 20 Minutes » pose des questions – et apporte les réponses- sur un sujet qui nous intéresse tous : l’Homme…Nicolas Bégasse
Quelle meilleure période que l’été, son soleil et ses plages, pour se regarder le nombril ? Toute cette semaine, la rédaction « sciences » de 20 Minutes porte le concept un peu plus loin en posant des questions étonnantes mais pas si bêtes sur vous, nous et les autres - sur l’Homme. Avec l’aide des chercheurs du Musée de l’Homme, qui rouvrira ses portes le 17 octobre prochain, posons-nous cinq minutes et explorons le passé, le présent et l’avenir de l’humanité.
Lundi : Le potentiel de notre cerveau est-il sans limite ?
Mercredi : Quelle couleur de peau avait Cro-Magnon ?
Jeudi : Comment l’Homme va-t-il évoluer ?
Vendredi : Pourquoi Néandertal a-t-il disparu ?
« J’ai beaucoup pris le soleil cet été, mes cheveux ont blondi. » Et si cette phrase, familière aujourd’hui, devenait un jour une chose du passé ? Si la question mérite d’être posée, c’est parce que les mutations entraînant les cheveux blonds et roux concernent des gènes récessifs : présents chez un parent, ils se gomment si l’autre parent ne les possède pas, donnant naissance à un enfant brun. Au gré des métissages et des générations, pourra-t-on voir ces gènes disparaître totalement ?
Pour répondre à la question, il faut déjà savoir comment fonctionne la mécanique génétique qui produit des enfants aux cheveux roux. « On a deux versions de chacun de nos gènes : une qui provient de la mère, l’autre du père, rappelle Paul Verdu, généticien des populations humaines au CNRS et au Musée de l’Homme. Pour être blond ou roux, il faut que les deux versions expriment la mutation "blond" ou "roux". Si on a seulement un des deux gènes qui porte ces mutations, on ne sera ni blond, ni roux. » A la nuance près, rappelle le chercheur, qu’on ne parle ici que des mutations bien identifiées par les scientifiques – certaines échappent encore à notre connaissance.
Vers de nouvelles couleurs de cheveux ?
Pour autant, même si un enfant naît brun, son gène récessif « roux », endormi, continue de se transmettre au fil des générations. On peut être porteur de la mutation, la transmettre sans qu’elle ne s’exprime à un enfant qui la transmettra à son tour sans qu’elle ne s’exprime, et au final avoir un arrière-petit-fils roux dont les parents et les grands-parents sont tous bruns. « Ces mutations sont cachées, ça va être difficile de les faire disparaître », résume Paul Verdu. Ils ont beau être récessifs, les gènes du blond ou du roux ont la peau dure, inutile de s’inquiéter pour eux.
On peut même aller un peu plus loin, et imaginer que les métissages, loin de faire disparaître ces couleurs de cheveux, en fassent apparaître de nouvelles. « C’est une histoire d’échantillon des possibles, évoque le généticien. Les mutations concernant la couleur des cheveux apparaissent au hasard des reproductions. Et par hasard aussi, elles peuvent disparaître. » Ce qui a pu arriver dans la préhistoire, par exemple, où des poches de populations humaines ont pu s’isoler, évoluer et disparaître sans transmettre leurs mutations génétiques.
En se projetant cette fois loin dans l’avenir, on peut être tenté d’imaginer que les mélanges de populations homogénéisent l’être humain, débouchant sur un monde peuplé d’une sorte de métis ultime. Le généticien du CNRS balaye cette idée catégoriquement : « Le métissage apporte plus de diversité génétique. On s’imagine que noir plus blanc, ça donne café au lait. C’est faux, ça donne toute une gamme de cafés au lait, de noirs et de blancs. En mélangeant, on n’homogénéise pas, on crée de nouvelles choses. » L’avenir est peuplé de blonds, de roux… et de beaucoup d’autres.
Pour retrouver les réponses à de nombreuses autres questions consacrées à l’humanité, rendez-vous sur lhommeenquestions.fr.