L'Homme à la loupe (1/5): Le potentiel de notre cerveau est-il sans limite?
SERIE D'ETE•Cette semaine, « 20 Minutes » pose des questions – et apporte les réponses- sur un sujet qui nous intéresse tous : l’Homme…Nicolas Bégasse
Quelle meilleure période que l’été, son soleil et ses plages, pour se regarder le nombril ? Toute cette semaine, la rédaction « sciences » de 20 Minutes porte le concept un peu plus loin en posant des questions étonnantes mais pas si bêtes sur vous, nous et les autres - sur l’Homme. Avec l’aide des chercheurs du Musée de l’Homme, qui rouvrira ses portes le 17 octobre prochain, posons-nous cinq minutes et explorons le passé, le présent et l’avenir de l’humanité.
A retrouver mardi : Les blonds et les roux vont-ils disparaître ?
A retrouver mercredi : Quelle couleur de peau avait Cro-Magnon ?
A retrouver jeudi : Comment l’Homme va-t-il évoluer ?
A retrouver vendredi : Pourquoi Néandertal a-t-il disparu ?
En l’espace de quelques milliers d’années, l’Homme a su conquérir la Terre entière, et au-delà. Mais a-t-il fini de conquérir son propre cerveau, ou celui-ci renferme-t-il encore des trésors inexploités ? Lire dans les pensées ou faire bouger des objets par la seule force de l’esprit sont-ils des bonus qui restent à débloquer ? « Non, il s’agit bien d’une légende, répond Antoine Balzeau, paléoanthropologue au Musée de l’Homme. Une légende qui repose sur une trop grande simplification du cerveau. »
Le mythe prendrait en fait ses racines dans la phrénologie, théorie fausse selon laquelle le cerveau ayant des zones correspondant chacune à une fonction particulière, le crâne de chaque individu est déformé en conséquence – de là vient la fameuse « bosse des maths ». A une époque où les IRM n’existent pas encore, on observe que certaines lésions du cerveau ont des conséquences, tandis que d’autres sont sans effet. De là viendrait l’idée qu’une partie du cerveau est inactive, comme endormie… et pourrait donc être réveillée, ouvrant le champ des possibles. De quoi nourrir l’imagination populaire, jusqu’à récemment avec le Lucy de Luc Besson dans lequel une jeune femme débloque le potentiel de son cerveau et gagne toutes sortes de pouvoirs.
Le mythe balayé par la technologie
Depuis quelques décennies, l’imagerie fonctionnelle est venue balayer tout ça. « Elle a renouvelé notre connaissance du cerveau, explique Antoine Balzeau. Par exemple, on sait que parler à quelqu’un en face de soi ne sollicite pas la même zone que parler à la même personne au téléphone. Même une activité très simple fait fonctionner plusieurs zones. » Et même si c’est par intermittence, toutes les zones du cerveau fonctionnent. « Quand une partie quelconque du cerveau est lésée, il s’ensuit automatiquement un déficit, ce qui ne serait pas le cas si certaines zones étaient inactives », explicite le chercheur du Musée de l’Homme.
Pour autant, le cerveau a encore ses petits secrets. « On a des règles empiriques, mais elles ne sont pas vraies pour tous les patients », reconnaît-il. Ainsi, les chirurgiens ne sont jamais sûrs à 100 % de ce que va donner une opération du cerveau. Et on explique mal comment une personne souffrant de graves lésions semble n’en ressentir aucune conséquence, tandis qu’une autre sera lourdement handicapée à cause d’un minuscule AVC.
Si la science ne comprend pas à 100 % comment marche le cerveau, des fonctions cachées ne peuvent-elles donc pas nous échapper ? « On peut toujours supposer qu’on pourra faire mieux, qu’on pourra mieux utiliser notre cerveau, concède Antoine Balzeau. Mais faire bouger un objet par la force de la pensée, sans aide technologique, ça ne me paraît pas concevable. Même si, en tant que scientifique, je ne veux pas dire "c’est impossible" ». Au vu de la faible différence entre inconcevable et impossible, il est sans doute plus prudent de laisser les pouvoirs cachés du cerveau au rayon des mythes et légendes.
Pour retrouver les réponses à de nombreuses autres questions consacrées à l’humanité, rendez-vous sur lhommeenquestions.fr.