Cinq raisons qui font que Kepler-452b est l'exoplanète la plus passionnante
ASTRONOMIE•Dévoilée jeudi par la Nasa, c'est à ce jour l'exoplanète la plus semblable à la Terre découverte par le télescope Kepler...Nicolas Bégasse
L’existence de 521 nouvelles exoplanètes, ces planètes situées au-delà de notre système solaire, a été annoncée jeudi par la Nasa. Parmi elles, une seule retient l’attention : Kepler 452b. Pourquoi elle et pas une autre ? Voici la réponse, en cinq points.
L’environnement idéal
Si on ne s’intéresse qu’à la planète elle-même, Kepler 452b n’est pas si proche de nous que ça. Elle est 60 % plus grosse que notre Terre : ça laisse espérer qu’elle est rocheuse, mais c’est aussi plus gros que d’autres exoplanètes trouvées jusqu’ici, comme la fameuse Kepler 186f dévoilée l’an dernier. Ce qui distingue la petite nouvelle, c’est en fait son soleil : il s’agit d’une étoile de type G, comme notre Soleil. Or toutes les étoiles des autres exoplanètes cousines de la Terre sont plus petites, plus froides et moins brillantes – des défauts qui sont autant d’obstacles potentiels à la présence de vie sur ces planètes.
Une fenêtre sur le futur
Le soleil de 452b est de la même famille que notre astre, mais il est plus vieux : 6 milliards d’années, contre 4,5 pour le nôtre. Or, un soleil évolue au cours de son existence, et plus il vieillit, plus il grossit, se réchauffe et devient lumineux – notre propre soleil gonflera dans quelques milliards d’années pour devenir une géante rouge, et d’ici là toute vie sur Terre sera devenue impossible. Quand on regarde 452b et son étoile, on regarde en fait notre propre avenir : comme si vous tentiez de deviner à quoi vous ressemblerez dans trente ans en observant vos géniteurs.
Un pas de plus vers la découverte d’une vie extraterrestre
Si l’on cherche des exoplanètes, au-delà de la simple satisfaction de notre instinct d’explorateur, c’est pour tenter de trouver des traces de vie ailleurs que sur Terre. Découvrir une planète « sœur » de la Terre, aux conditions potentiellement semblables, c’est en fait trouver un nouveau cobaye. Une nouvelle cible vers laquelle pointer nos télescopes et spectrographes, ces appareils capables de dire de quoi sont faites une planète et son atmosphère. Comme le soulignait cette semaine à 20 Minutes l’astrochimiste Louis d’Hendecourt, cette technologie est encore balbutiante et va continuer d’évoluer. Et quand de nouveaux télescopes entreront en service, c’est vers des planètes comme 452b qu’on les pointera.
L’homme pourrait y vivre
Mettons que 452b est bien rocheuse : pourrait-on y vivre ? Oui, mais. Le premier « mais », c’est la gravité : cette planète est une fois et demie plus grosse que la nôtre, et même si l’on ne connaît pas sa masse, on peut raisonnablement penser que la gravité y serait au moins deux fois plus forte. Pas de quoi doucher l’enthousiasme de l’équipe scientifique de Kepler, qui explique que l’Homme pourrait « s’adapter », et deviendrait simplement « plus trapu » au fil des générations. Le deuxième obstacle, c’est le soleil : à 6 milliards d’années d’âge, l’étoile du système 452 est plus grosse et brillante que la nôtre, et les journées pourraient bien être très chaudes. Si l’eau liquide de 452b frémit à 75°C, ça peut poser problème. Le dernier « mais » est évidemment le plus gros : ce système est situé à 1.400 années-lumière. Or, rien ne va plus vite que la lumière : même avec des vaisseaux spatiaux ultra-rapides, le déménagement depuis la Terre serait un peu trop long.
Exoplanètes : Quand la Nasa rêve d’ailleurs
Une étape importante
On ne posera donc jamais le pied sur Kepler 452b. Mais l’autre intérêt de la découverte de cette planète, c’est l’étape qu’elle représente : une planète semblable à la nôtre, orbitant à la bonne distance un soleil semblable au nôtre, existe. Et on l’a trouvée en fouillant pendant une demi-douzaine d’années un tout petit coin de la galaxie. Qui sait quelles planètes, encore plus prometteuses, auront été trouvées d’ici une nouvelle demi-douzaine d’années ?