Solar Impulse 2 bloqué à Hawaï: «Nous sommes déçus mais la satisfaction domine»
INTERVIEW•Le pilote André Borschberg, qui était aux commandes lors du vol entre le Japon et Hawaï, se montre confiant pour la suite de l'aventure...Propos recueillis par Nicolas Beunaiche
Solar Impulse s’offre une pause sous le soleil d’Hawaï. Mercredi, les organisateurs du tour du monde de l’avion expérimental à batterie solaire, bloqué sur l’île américaine, ont annoncé que l’aventure ne reprendrait pas avant avril 2016. La raison ? Un problème de batteries endommagées par un dernier voyage éprouvant au-dessus du Pacifique. Un coup d’arrêt ? A mi-chemin, le pilote André Borschberg fait le point sur les kilomètres parcourus et évoque les prochains mois de Solar Impulse.
Pourquoi votre avion se retrouve-t-il immobilisé à Hawaï ?
Les batteries de Solar Impulse 2 ont été endommagées. Mais il ne s’agit pas pour autant d’un problème de technologie : nos batteries fonctionnent sans souci depuis cinq ans. Elles ont tout simplement rencontré un problème d’isolation lié au vol. Dans la même journée, fin juin, nous avons dû faire successivement le vol test, très agressif parce qu’il consiste à monter très haut très vite, et le vol mission. Le cumul a entraîné une augmentation de la température des batteries, qui sont conçues pour le vol mission uniquement en théorie.
« Between the vision and its implementation, there are numerous challenges to be met @solarimpulse pic.twitter.com/TKIVx13y9N — André Borschberg (@andreborschberg) July 14, 2015 »
Cela aurait-il pu s’avérer dangereux en vol ?
Oui, si on n’avait pas pu gérer l’augmentation des températures. Mais on a vite compris ce qui se passait et on a réduit le courant qui entre et sort des batteries. On a joué avec l’utilisation de l’énergie et on a réussi à rester en dessous des valeurs de sécurité.
Quel sentiment domine aujourd’hui au sein des équipes ?
L’état d’esprit est très bon car le vol le plus long de l’aventure est une réussite. Cinq jours et cinq nuits, c’était notre plus gros challenge. Nous avons doublé la durée de vol d’un avion solaire, donc on est évidemment très contents de ce qu’on a pu faire. L’objectif, c’était de finir cette année mais ce n’est pas non plus une course contre la montre. On ne peut cacher qu’on est un peu déçus mais le sentiment qui domine, c’est la satisfaction.
Solar Impulse restera à Hawaï jusqu’à avril 2016. Pourquoi un si long délai ?
Nous avons décidé de changer la totalité des batteries de l’avion. Or nous n’en avons pas autant en stocks, ce qui veut dire qu’il va falloir en fabriquer. Tout ça prend quelques mois. On est un peu pris par la situation. A la mi-août, la fenêtre de tir au-dessus du Pacifique sera fermée. A Hawaï, nous bénéficions de conditions très favorables : un hangar nous a été prêté par l’université et nous pouvons faire des entraînements sur le site de l’aéroport.
« #Si2 will stay in Hawaii until early spring 2016 pic.twitter.com/CmTnE57AWU — André Borschberg (@andreborschberg) July 15, 2015 »
Comment abordez-vous la suite de l’aventure ?
Avec sérénité. Pendant les réparations, nous allons pouvoir travailler sur un nouveau projet : un Solar Impulse capable de voler six mois sans pilote et qui pourrait effectuer des missions réalisées aujourd’hui par satellite ou qui sont même trop chères pour un satellite. Ensuite, nous pourrons repartir. Nous n’avons aucune garantie de succès car nous aurons certainement des surprises. Mais la motivation est là et l’équipe a appris à fonctionner au fil des mois.
« We have to put @solarimpulse’s Round-The-World mission on hold but we will start again next year with more experience pic.twitter.com/7l19OX3AEQ — André Borschberg (@andreborschberg) July 15, 2015 »