Un virus de l'herpès modifié efficace pour traiter des cancers de la peau
SANTE•Le traitement pourrait bientôt être autorisé aux Etats-Unis et en Europe...P.B. avec AFP
Combattre le mal par le mal. Des virus de l'herpès génétiquement modifiés ont été efficaces contre des cancers de la peau en infectant et détruisant des cellules cancéreuses tout en déclenchant une réaction immunitaire, selon les résultats publiés mardi d'un essai clinique qui montre le potentiel de la virothérapie.
Il s'agit du premier essai de phase 3 avec cette nouvelle approche à montrer des résultats aussi probants, selon les chercheurs de l'Institute of Cancer Research à Londres, qui ont mené cette étude clinique publiée mardi dans la revue américaine Journal of Clinical Oncology.
Selon les scientifiques, ces résultats pourraient conduire l'agence américaine des médicaments (FDA) ainsi que son homologue européenne, à autoriser dans les prochains mois la mise sur le marché de ce traitement appelé T-VEC (Talimogene Laherparepvec) produit par l'américain Amgen.
Rémission pendant trois ans pour certains malades
Les chercheurs ont retenu au hasard 436 patients atteints d'un mélanome avancé inopérable pour recevoir une injection de T-VEC ou une autre immunothérapie. Plus de 16% de ceux traités avec le T-VEC ont eu une réponse soutenue pendant plus de six mois comparativement à 2,1% dans le groupe témoin. Certains malades ont eu une rémission pendant plus de trois ans.
La réponse du traitement a été plus prononcée chez les patients dont les cancers de la peau étaient moins avancés et chez ceux qui n'avaient eu aucun traitement auparavant. Cela montre que cette virothérapie pourrait être envisagée comme première ligne de traitement contre des mélanomes métastatiques.
Les 163 malades dans l'essai clinique avec des mélanomes moins avancés (stade 3 et début de stade 4) traités avec le T-VEC ont survécu en moyenne 41 mois comparativement à 21,5 mois pour 66 patients avec un stade similaire traités avec une autre immunothérapie.
Moins d'effets secondaires
«Il y a engouement grandissant pour la virothérapie comme le T-VEC contre le cancer car elle permet de lancer une double attaque en détruisant les cellules cancéreuses directement de l'intérieur avec un virus qui les infecte et en dopant le système immunitaire pour cibler la tumeur elle-même et tout cela avec moins d'effets secondaires que la chimiothérapie ou d'autres immunothérapies nouvelles», explique le professeur Kevin Harrington de l'Institute of Cancer Research, un des principaux responsables de l'essai clinique.
Les cellules cancéreuses développent un dispositif pour échapper au système immunitaire de l'hôte ce qui fait qu'elles sont vulnérables à une infection virale. Le virus de l'herpès a été modifié en retirant deux gènes clés, ce qui empêche sa réplication dans les cellules saines. De ce fait les cellules normales détectent et détruisent le virus T-VEC avant qu'il ne puisse provoquer des dommages.