Les origines des Néandertaliens datent d'au moins 430.000 ans
•SCIENCES – Jusqu'alors, on évaluait à 330.000 ans les origines de ces hominidés…20 Minutes avec AFP
Les origines de l'homme de Néandertal remontent à au moins 430.000 ans selon certains traits de ces cousins éteints de l'homme moderne trouvés sur des crânes découverts en Espagne qui apportent un nouvel éclairage sur l'évolution des hominidés.
«Ce sont sans aucun doute les traits morphologiques de Néandertaliens les plus anciens trouvés à ce jour», a souligné lors d'une conférence de presse téléphonique Juan-Luis Arsuaga, professeur de paléontologie à l'université Complutense de Madrid, principal auteur de ces travaux publiés jeudi dans la revue américaine Science.
Les précédentes recherches dataient l'émergence de l'homme de Néandertal quelque 100.000 ans plus tard.
Objet de controverses
Selon ces chercheurs, cette découverte permet aussi d'affirmer que le plus récent ancêtre commun de l'homme moderne et des Néandertaliens est antérieur à 430.000 ans.
Cette étude a été effectuée sur dix-sept crânes partiels ou presque complets excavés du célèbre site préhistorique de la Sima de Los Huesos près de Burgos dans le Nord de l'Espagne.
«Avec ces crânes, il a été possible de déterminer pour la première fois des caractéristiques morphologiques crâniennes d'un groupe d'hominidés qui vivaient en Europe au Pléistocène moyen» soit entre 400 et 500.000 ans dans le passé, souligne Ignacio Martinez, un paléontologue de l'Université d'Alcalá (Espagne), un des co-auteurs.
Durant cette époque clé et objet de controverses scientifiques, des hominidés primitifs se sont séparés des autres groupes qui vivaient en Afrique ou en Asie de l'Est pour venir s'établir en Eurasie où les caractéristiques qui allaient définir la lignée néandertalienne sont apparues, expliquent ces scientifiques.
Plusieurs centaines de milliers d'années plus tard, l'homme moderne, venu d'Afrique, s'est à son tour installé en Eurasie coexistant avec les Néandertaliens avec qui il y a eu des croisements limités. Ces derniers ont disparu il y a environ 28.000 ans.
Des dents utilisées comme une troisième main
Les crânes étudiés par ces chercheurs présentent des traits néandertaliens seulement sur la face et les dents. La boîte crânienne présente des traits correspondants à des hominidés plus primitifs.
«Ces caractéristiques morphologiques, nous laissent penser que les occupants de la Sima appartenaient au clade de Néandertal même s'ils n'étaient pas forcément les ancêtres directs des Néandertaliens classiques», souligne le professeur Arsuaga.
«Ils appartenaient à une lignée européenne précoce qui a ensuite inclu les Néandertaliens», ajoute-t-il.
Le point le plus important est le fait qu'un grand nombre de traits néandertaliens observés sur ces crânes manifestaient des activités de mastication, notamment les incisives qui présentent une forte usure.
«C'est comme si ces dents avaient été utilisées comme une troisième main ce qui est typique des Néandertaliens», souligne le professeur Arsuaga.
Ces scientifiques estiment que l'évolution de la face a été la première étape dans l'évolution de l'homme de Néandertal qui n'a pas évolué de manière linéaire mais à différents moments.
Site exploité depuis trente ans
«Durant des décennies, la nature du processus évolutif qui a donné naissance aux Néandertaliens a fait l'objet d'un débat et une question importante était de savoir si ce processus a concerné l'ensemble du crâne dès le début ou si différentes parties du crâne ont évolué séparément au cours du temps», explique Ignacio Martinez.
Ces chercheurs ont aussi constaté combien les individus de la grotte de Sima étaient similaires. Les autres fossiles de la même période géologique sont différents et ne correspondent pas aux caractéristiques morphologiques des occupants de la Sima. Cela signifie, selon les auteurs, qu'il existait une grande diversité entre les populations d'hominidés dans cette période de la préhistoire.
Il apparaît ainsi que plus d'une lignée de ces groupes ont coexisté en Europe il y a plus de 400.000 ans et que celle représentée sur le site de la Sima était plus proche des Néandertaliens.
Le site de la Sima est exploité depuis 1984. Depuis 30 ans, près de 7.000 fossiles humains correspondant à toutes les parties du squelette d'au-moins 28 individus ont été mis au jour.