Gastro-entérite: Faut-il se méfier des sèche-mains électriques?
SANTE•En pleine épidémie, les professionnels de santé recommandent d'éviter ces appareils lorsqu'on se sèche les mains...Corentin Chauvel
Alors que le seuil épidémique de gastro-entérite a été atteint en France et que la grippe n’est pas très loin, les professionnels de santé contactés par 20 Minutes appellent non seulement à se laver les mains mais également à se les sécher avec attention. A ce propos, les sèche-mains électriques sont particulièrement déconseillés.
«Ce qui m’interpelle, c’est qu’à chaque fois, les pouvoirs publics disent "Lavez-vous les mains", alors que l’on retrouve dans des espaces collectifs publics comme les gares ou les stations-service des séchoirs électriques anti-hygiéniques», déplore un professionnel du secteur de l’hygiène. Le problème des sèche-mains électriques, évoqué ces dernières années dans plusieurs études britanniques, réside dans la propulsion d’un air chaud dans un milieu humide qui favorise le développement microbien.
«Un véritable aérosol à microbes qu’on inhale à pleins poumons»
«Quand vous vous lavez les mains, il reste toujours des germes et le sèche-main électrique agit comme un véritable aérosol à microbes qu’on inhale à pleins poumons. C’est une absurdité, il vaut encore mieux se sécher les mains à l’arrière de sa chemise», explique le docteur Frédéric Saldmann, auteur de On s'en lave les mains (Flammarion, 2007). Sans oublier ces fréquentes queues aux sèche-mains qui font que l’on finit par s’en aller des sanitaires avec les mains encore humides.
Selon les professionnels de l’hygiène, point de meilleure solution que le papier pour se sécher les mains après lavage, surtout en période «vulnérable»: «C’est indiqué par toutes les études, l’essuie-main à usage unique est la solution la plus hygiénique, c’est obligatoire dans les hôpitaux.» «On n’a rien trouvé de mieux», renchérit Sylvie Roulant, cadre de santé dans le Var et spécialiste de l’hygiène hospitalière, qui estime tout de même que l’efficacité dépend aussi de la ouate utilisée pour le papier.
«Le meilleur moyen, c’est le papier»
Chez les fabricants de sèche-mains, on ne vient pas contredire ces constats. «Les médecins ont raison, le meilleur moyen, c’est le papier», reconnaît Jean-Jacques Vameck, directeur associé de la société Saniclean. Mais selon lui, les sèche-mains électriques ne représentent que 10% du parc contre 80% pour le papier, les 10% restants étant attribués à «l’avenir du séchoir»: le sèche-mains à air pulsé qui, contrairement à son homologue classique, est situé non pas au niveau du visage mais de la taille.
Chez Dyson, on ne fabrique que celui-là: séchage en moins de dix secondes, filtre qui élimine 99% des bactéries de l’air utilisé pour le séchage et surfaces externes «imprégnées d’additifs antimicrobiens». Et la firme britannique se vante même de fournir des hôpitaux et des écoles. Si ces appareils sont en effet nettement plus appréciés des professionnels de l’hygiène et bénéficient d’un large succès, leur coût constitue un frein (plus de 800 euros l’unité contre 300 euros le «petit classique» chez Saniclean).
Une explication avant tout économique
De plus, Aviso Hygiène, importateur et revendeur de sèche-mains électriques, met en évidence les améliorations apportées à ses appareils classiques (filtres, revêtement antimicrobien) dont l’achat par les collectivités privées ou publiques ne se dément pas malgré les tollés qui reviennent «cinq à six fois par an». Comme toujours, l’explication est économique: le coût de l’électricité est négligeable par rapport au papier, dont la qualité d’ouate peut s’avérer particulièrement onéreuse.
Ce serait donc aux pouvoirs publics de réagir. Aujourd’hui, les pays anglo-saxons ont adopté le papier à 95%, selon un professionnel du secteur de l’hygiène qui pointe du doigt le retard de la France. Et Frédéric Saldmann de conclure: «J’espère qu’un jour on agira.»