Régimes avant l'été: Il faut se déconditionner d'une alimentation «trop grasse, trop sucrée et trop chimique»

Régimes avant l'été: Il faut se déconditionner d'une alimentation «trop grasse, trop sucrée et trop chimique»

© 2011 AFP

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Les régimes amaigrissants sont en vedette à la veille des vacances, mais selon nombre d'experts ils sont trop exigeants et démoralisent le client quand il reprend les kilos hâtivement perdus. Une seule règle: suivre des principes nutritionnels simples et faire de l'exercice.

«Manger de la (vraie) nourriture, pas trop, surtout des plantes», résume l'Américain Michael Pollan, spécialisé dans la nutrition et la santé. «Votre santé n'est pas un jeu, halte aux régimes yo-yo!», dit l'affiche de la Journée européenne de l'obésité.

Pas sans risque

Plus d'un Français sur trois - une Française sur deux - a déjà suivi un régime: le «Montignac», qui exige de ne pas mélanger des types différents d'aliments (comme glucides et lipides), voire de tenir compte de leur index glycémique, le Weight watchers, hypocalorique, le «Dukan», hyperprotéiné, qui a le vent en poupe et des millions d'adeptes sur la planète... Il y en a des dizaines d'autres.

Aucun n'est parfait et la plupart ne sont pas sans risque. L'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), qui en a expertisé 15, a constaté que les apports en protéines étaient très souvent supérieurs à ce qui est conseillé, qu'il y avait trop de lipides dans plusieurs et pas assez dans d'autres, qu'ils manquaient souvent de fibres, fer, calcium, vitamines C, D ou E, et que les apports en sodium étaient souvent excessifs.

Des résultats temporaires

Quant aux résultats, souvent spectaculaires, ils ne durent pas: selon l'Anses, 80% de ceux qui ont maigri après régime ont repris dans l'année leurs kilos perdus, voire davantage. «Maigrir fait grossir», dit Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l'Institut Pasteur de Lille.

Pour le nutritionniste Jean-Michel Cohen, trouver un bon régime relève d'un «loto de l'alimentation». «On ne peut plus seulement conseiller de savourer des poissons gras en achetant une boîte de thon, mais préciser qu'elle doit contenir au moins 50% de thon», dit-il.

Régime crétois ou paléolithique?

Face à cette «cacophonie nutritionnelle», l'Anses estime que «rien ne peut remplacer en termes de santé une alimentation équilibrée, diversifiée». Le régime crétois si vanté, avec ses fruits et légumes, viande maigre, poisson et huile d'olive, semble un modèle d'équilibre, riche en vitamines, minéraux et fibres, pauvre en graisses saturées. Mais il faudrait emprunter aussi aux Crétois leur faible niveau de stress et de pollution...

Pour le nutritionniste Laurent Chevallier, conseiller de manger équilibré et diversifié est insuffisant. «Les gens continuent dans des habitudes qu'ils n'analysent pas forcément comme mauvaises», dit-il. Comme cette patiente obèse qui a du mal à renoncer à ses cinq croissants du dimanche matin arrosés de coca-cola, et le lundi à midi à ses deux sandwiches jambon-beurre, trois barres chocolatées et coca.

Riche en fibres et en protéines, le régime de nos ancêtres du paléolithique, qui serait plus rassasiant par unité calorique que le régime méditerranéen, revient lui aussi à la mode, avec fruits et légumes, viandes/oeufs/poisson, peu de céréales, au total beaucoup de vitamines et des produits bruts.

Se déconditionner

Car l'essentiel, pour Laurent Chevallier comme pour la plupart des nutritionnistes, c'est un «déconditionnement radical» de l'alimentation d'aujourd'hui, «trop grasse, trop sucrée, trop chimique», avec par exemple dix fois plus de sucre qu'au XIXème siècle.

Tous le rappellent: «la santé vient en bougeant», comme le dit l'Institut national de Prévention et d'Education pour la Santé (Inpes), qui préconise «l'équivalent de 30 minutes de marche rapide chaque jour». Et «plus, c'est encore mieux». A l'ère préhistorique, on ne se déplaçait d'ailleurs qu'à pied.