En Franche-Comté, le dossier médical personnel part sur de bonnes bases
Les praticiens de Franche-Comté, qui testent depuis dix ans l'échange ...© 2010 AFP
Les praticiens de Franche-Comté, qui testent depuis dix ans l'échange de données médicales entre professionnels de santé, sont déjà convaincus de l'utilité du Dossier médical personnel (DMP), dont la version nationale a commencé à être mise en place jeudi.
Depuis 2000, la région développe un "dossier médical partagé" à l'usage des seuls professionnels. En 2008, le dossier a été ouvert aux patients et 2.000 d'entre eux ont déjà contracté un DMP. L'utilisateur volontaire n'a désormais qu'à signer un contrat pour avoir accès à son dossier.
La Franche-Comté fait ainsi partie des régions expérimentatrices, comme la Picardie, l'Aquitaine ou encore l'Alsace, sur lesquelles s'appuient les pouvoirs publics pour lancer très progressivement le DMP national.
"Sur une population régionale de 1,2 million d'habitants, environ 850.000 ont un +dossier médical partagé+. Sa mise en place, qui comprend l'informatisation des structures de santé, a coûté 56 millions d'euros", indique Hervé Barge, chargé de mission télémédecine à l'Agence régionale de santé de Franche-Comté.
"Plus qu'expérimenter le DMP, nous l'avons mis en place. Depuis 2008 nous sommes la seule région française à avoir obtenu un avis favorable de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) pour l'utilisation de ce dossier", explique M. Barge.
"La généralisation du DMP à toute la France pourrait prendre environ une dizaine d'années. Au niveau national, ils ont fait l'erreur de lancer le DMP comme si la santé était un tout alors qu'il faut s'intéresser aux besoins de chaque secteur", estime-t-il.
Ouvert et complété par les professionnels, ce dossier regroupe les données médicales d'un même patient. "C'est un carnet de santé informatisé" auquel les "usagers franc-comtois sont très favorables", résume Christian Magnin-Feysot, représentant des usagers et membre du Collectif inter-associatif sur la santé (CISS).
Le DMP vise à une meilleure coordination des praticiens, qui pourrait éviter 10.000 décès par an selon l'ARS, et une meilleure prise en charge du patient tout au long de sa vie.
Ce dossier "est fait pour le patient, mais au service du professionnel de santé qui l'utilise comme un outil de travail quotidien en partenariat avec l'hôpital, la clinique privée, ou encore le médecin de ville", constate Jean-François Roch, médecin généraliste à Besançon.
"Le DMP peut être intéressant en cas d'urgence vitale quand l'interrogation de patient devient impossible: il donne accès à ses antécédents et aux traitements suivis", souligne également Antonio Marques, urgentiste au centre hospitalier de Gray (Haute-Saône).
"Son utilisation est simple. Aux urgences, nous l'alimentons automatiquement", ajoute-t-il.
Cécile Béligot, utilisatrice du DMP en Franche-Comté est également satisfaite. "C'est simple et facile d'accès" et "cela peut sauver la vie", dit-elle.
Si les personnes âgées sont souvent favorables au DMP, "certains patients plus jeunes qui connaissent les nouvelles technologies peuvent douter de sa confidentialité", relativise néanmoins le Dr Roch.
"Il y a toujours des risques", admet Hervé Barge, qui estime par ailleurs que "les professionnels doivent rester vigilants et responsables dans l'utilisation du DMP".